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CARACAS, 9 août (Reuters) - La Cour suprême du Venezuela a ordonné mercredi l'arrestation de Julio Borges, l'un des chefs de file de l'opposition et ancien président du Congrès, pour avoir tenté d'assassiner le président Nicolas Maduro au moyen de drones chargés d'explosifs samedi dernier lors d'une cérémonie militaire.

Julio Borges, qui se trouve actuellement dans la capitale colombienne, Bogota, n'a pas répondu aux sollicitations de Reuters.

Un autre parlementaire, Juan Requesens, ancien chef d'un mouvement de contestation étudiant, a été arrêté mardi soir par les services du renseignement vénézuélien (Sebin), a annoncé le parti d'opposition Justice d'abord, avant que les autorités du pays confirment l'information mercredi.

"Ce sont de vrais assassins !", a déclaré Elvis Amoroso, le vice-président de la très puissante Assemblée constituante pro-Maduro.

L'opposition vénézuélienne a dit redouter que le pouvoir ne se serve de cet incident comme prétexte pour lancer une nouvelle vague de répression.

Un parlementaire de l'opposition, Jorge Millan, a dénoncé sur Twitter la lâcheté du gouvernement, "qui ne se lasse pas de persécuter, en se servant de mensonges, quiconque pense différemment".

De nombreux opposants à Maduro ont subi la répression du gouvernement vénézuélien et ont été arrêtés, contraints de se retirer de la vie politique ou de s'exiler.

PEUR DU LENDEMAIN

"Beaucoup de nos frères se trouvent en dehors du pays, d'autres sont sous terre parce qu'ils ont été tués - parce que vous les avez tués, Nicolas !", a déclaré mardi Juan Requesens devant le Congrès, où l'opposition est majoritaire, peu avant son arrestation.

"Aujourd'hui je peux m'adresser à vous, mais demain je ne sais pas", a ajouté celui qui a mené plusieurs rassemblements contre Maduro en 2014 et 2017.

Le procureur général a annoncé mercredi que 19 personnes étaient liées à l'attaque et que six d'entre elles avaient été arrêtées.

Tarak Saab n'a pas dévoilé l'identité des suspects et n'a pas répondu aux demandes d'information.

D'après les autorités vénézuéliennes, deux drones piégés à l'explosif ont été lancés samedi en fin d'après-midi lors d'une cérémonie militaire à laquelle Maduro participait dans le centre de Caracas. Le premier a été neutralisé par les forces de sécurité, le second a chuté sur un immeuble.

Nicolas Maduro a imputé l'attaque de samedi à des figures de l'extrême droite vénézuélienne et à leur soutien à l'étranger, accusant nommément le gouvernement colombien.

Le gouvernement vénézuélien dit que 11 hommes recrutés lors de manifestations anti-Maduro ont été formés à la frontière avec la Colombie. Les financiers de cette "tentative d'assassinat", qui se trouvent à Bogota et en Floride, ont promis 50 millions au groupe en échange de la mort de Maduro.

Un ancien chef d'une force de police municipale du Venezuela passé dans l'opposition a affirmé à Reuters avoir participé aux préparatifs de l'attaque orchestrée avec la "Résistance" (). Cette "Resistencia" est une association aux contours flous et sans structures formelles de militants anti-Maduro, de leaders étudiants et d'anciens militaires.

Un groupe méconnu, le "Mouvement national des soldats en tee-shirt", se réclamant lui aussi de la "Résistance", a revendiqué l'attaque. (Alexandra Ulmer et Shaylim Castro, avec la contribution de Deisy Buitrago, Andreina Aponte et Vivian Sequera; Eric Faye et Jean Terzian pour le service français)