par Julien Toyer

Il souhaite par ailleurs qu'un accord sur la triple question de la réforme du pacte de stabilité, du renforcement de la discipline budgétaire et de l'élargissement de la surveillance macroéconomique intervienne au plus tard lors du sommet européen du 17 juin, ont encore déclaré ces sources.

"Nous avons besoin d'un gouvernement économique fort au sein de l'Union (européenne) et en particulier au sein de la zone euro", a-t-il dit mercredi soir en marge d'une conférence sur l'investissement international, à La Baule.

"Nous y travaillons", a-t-il ajouté, quelques jours avant une réunion du groupe de travail sur la réforme de la gouvernance économique européenne, qu'il préside.

Plus tôt dans la journée, plusieurs sources européennes avaient indiqué que le président du conseil européen était favorable à "une sorte de gouvernement au niveau des chefs d'Etat de la zone euro, où chacun se sente investi d'une responsabilité".

"C'est plus qu'un forum. Il s'agit bien d'un gouvernement de la zone euro même si ensuite il peut exister des mécanismes pour communiquer à 27 (...) Dans son esprit, ce gouvernement économique n'aurait pas forcément de secrétariat propre", a ajouté cette source, qui a précisé qu'il reviendrait à l'ancien Premier ministre belge de présider cet organe.

Cette question ne sera pas ouvertement abordée lundi prochain et ne devrait pas non plus figurer noir sur blanc dans le nouveau document d'orientation que prépare le président du Conseil européen et qui sera remis aux ministres des Finances d'ici dimanche afin d'orienter les débats.

L'agenda de la rencontre - renforcement du pacte de stabilité et de la discipline budgétaire et surveillance macroéconomique élargie - permettra cependant à plusieurs pays, dont la France, de mettre ce dossier sur la table.

ACCORD D'ICI LE 17 JUIN

Selon plusieurs sources, l'objectif d'Herman Van Rompuy est d'accélérer les travaux de son groupe de travail afin de dégager un accord sur les grandes lignes de la réforme de la gouvernance économique européenne lors du sommet européen du 17 juin.

"Un consensus devrait se dégager sur la réforme du pacte, la discipline budgétaire et la surveillance macroéconomique. Mais la question du gouvernement économique est liée", explique une source européenne.

Si l'Allemagne n'oppose plus son veto à des réunions régulières des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro, elle ne souhaite pas moins en définir avec précision le périmètre et les conditionner à une réforme en profondeur du pacte de stabilité et de croissance, deux points sur lesquels les discussions avec Paris ne vont pas de soi.

De son côté, la Commission européenne n'est pas fermée à une institutionnalisation de l'Eurogroupe mais elle veut d'abord que la réforme des règles communautaires de gouvernance budgétaire soit clairement définie.

"Les Allemands veulent confier le contrôle du pacte à la Banque centrale européenne ou à un institut indépendant. La France est favorable à plus d'intergouvernemental avec un rôle central des Etats membres, sans la Commission. La question reste ouverte à ce jour", dit cette source.

SENTIMENT D'URGENCE

De nouvelles réunions du groupe de travail en juillet, septembre et octobre sont déjà prévues afin de préciser ces questions mais, disent les diplomates, un "certain sentiment d'urgence" s'est installé à Bruxelles compte tenu de la dégradation de la situation politique en Espagne.

Le gouvernement de José Luis Zapatero a fait adopter la semaine dernière son programme d'austérité par une seule voix d'écart et n'a dû son salut qu'à l'abstention de certains partis qui l'ont depuis vivement critiqué.

Les syndicats de leur côté ont appelé à une grève générale - fait rare en Espagne - dans les prochaines semaines si le gouvernement décide finalement de passer en force sur la réforme du marché du travail que lui réclament les marchés.

"L'Espagne est le grand défi", dit une source européenne, qui rappelle que la situation ibérique - Espagne et Portugal - sera abordée lors de la réunion des ministres des Finances de la zone euro lundi à Luxembourg.

Julien Toyer, avec Lionel Laurent à La Baule, édité par Wilfrid Exbrayat