Les sanctions internationales à l’encontre de la Russie, notamment le bannissement de certains établissements du système interbancaire Swift, auront des implications majeures pour la finance russe, estime Lazard Frères Gestion. L’exclusion de ce système isole les établissements concernés en les empêchant de recevoir ou d’envoyer des virements internationaux.

Dans la mesure où les exportations russes sont pour la plupart conclues en devises étrangères, cette décision aura de lourdes implications sur l'ensemble de l'économie russe au-delà du seul secteur bancaire. Il en va de même pour les sociétés européennes qui exportent des biens vers la Russie. Celles-ci auront de réelles difficultés à recevoir leurs paiements en échange de leurs marchandises.

La réponse de la Banque centrale russe constitue un choc supplémentaire pour l'économie du pays. Celle-ci a relevé son principal taux directeur de 9,5% à 20% et a mis en place un mécanisme de contrôle des capitaux dans l'espoir de limiter, autant que faire se peut, la dépréciation de sa devise. Le choc de confiance est considérable pour le système financier russe : une fuite des dépôts significative est probable, comme cela avait été le cas en 2014, affirme la société de gestion.

S'agit-il d'un évènement systémique pour autant ? À ce jour, la transparence des expositions de chacune des banques européennes à l'économie russe demeure relativement limitée et il est encore trop tôt pour être en mesure de réaliser une estimation précise des conséquences financières pour chaque établissement. Néanmoins, d'après les données de la Banque des règlements internationaux (BRI), l'exposition des banques internationales à la Russie est de l'ordre de 100 milliards d'euros.

L'exposition des banques européennes à la Russie n'est toutefois pas le seul facteur à prendre en compte pour expliquer le recul boursier du secteur. Deux autres éléments participent à l'ampleur de ce mouvement.

Le premier est un éventuel risque de récession provoquée par les sanctions économiques décidées à l'encontre de la Russie. Toutefois ce risque semble faible : rappelons que la croissance reste actuellement forte dans la plupart des économies, notamment en Europe et aux Etats-Unis. Si une récession semble inévitable en Russie, tel n'est pas le cas des autres pays du monde.

Le second facteur ayant pesé sur le secteur bancaire est indéniablement la baisse des taux observée sur les marchés obligataires depuis l'éclatement du conflit (24 février).