Aucune des 30 grandes banques mondiales n'a explicitement inclus l'énergie nucléaire dans ses critères d'émission d'obligations vertes ou liées au développement durable, ont déclaré des chercheurs jeudi, malgré la décision de l'UE l'année dernière de la qualifier de durable.

L'année dernière, l'Union européenne a décidé d'inclure les centrales nucléaires dans sa liste d'investissements pouvant être étiquetés et commercialisés comme verts. Cette décision visait à orienter les investisseurs vers des technologies respectueuses du climat, mais elle a divisé les pays de l'UE, qui ne sont pas d'accord sur le caractère écologique de l'énergie atomique.

Jusqu'à présent, les banques n'ont pas suivi l'exemple de l'UE en adoptant leurs propres règles en matière d'obligations vertes, selon une analyse du Center on Global Energy Policy de l'université de Columbia. L'étude porte sur les 30 banques jugées d'importance systémique par le Conseil de stabilité financière.

Parmi ces banques, 17 avaient explicitement exclu l'énergie nucléaire de leur cadre de financement vert, tandis que 12 avaient un cadre qui ne mentionnait pas le nucléaire et qu'une banque n'avait pas de cadre de ce type, selon les chercheurs.

La norme de l'UE en matière d'obligations vertes inclut l'énergie nucléaire. Mais cette exclusion des cadres bancaires pourrait restreindre l'accès du secteur à une réserve de capital durable en croissance rapide.

L'émission d'obligations vertes a atteint un niveau record au niveau mondial au cours des premier et deuxième trimestres de 2023, selon les données de Refinitiv.

Matt Bowen, coauteur de l'étude, s'est dit surpris que l'énergie nucléaire soit si souvent exclue des directives de financement vert des banques, compte tenu de sa contribution potentielle à la lutte contre le changement climatique.

L'énergie nucléaire ne produit pas d'émissions de CO2 nuisibles au climat comme le font les combustibles fossiles tels que le pétrole et le gaz, mais elle produit des déchets radioactifs.

Des pays comme l'Allemagne et l'Autriche s'opposent à cette source d'énergie et ont fait pression contre la décision de l'UE de la qualifier d'énergie verte, en invoquant des préoccupations telles que l'élimination des déchets, le risque potentiel d'accidents et les retards importants enregistrés dans les projets nucléaires récents.

L'Agence internationale de l'énergie a déclaré que la capacité nucléaire mondiale devrait approximativement doubler d'ici 2050, si l'on veut que le monde parvienne à des émissions nettes nulles d'ici 2050. (Reportage de Kate Abnett à Bruxelles et de Simon Jessop à Londres ; rédaction de Matthew Lewis)