par Andy Bruce

La croissance ralentirait dès le premier trimestre sous l'effet du début de retrait des mesures massives de relance de la Banque centrale européenne, selon la soixantaine d'économistes interrogés.

Leur prévision médiane pour la croissance du quatrième trimestre 2009 est de 0,4%, en baisse de 0,1 point par rapport à la dernière enquête en octobre, et ils tablent sur 0,3% au premier trimestre 2010.

Après cinq trimestres consécutifs de récession, le bloc de 16 pays avait renoué avec la croissance au troisième trimestre.

L'enquête PMI de décembre publiée jeudi par l'institut Markit conforte les anticipations d'un ralentissement de la croissance. L'indice flash composite de la zone euro a ainsi reculé à 53,6 contre 54,2, tout en se maintenant au-dessus de la barre de 50 qui marque la frontière entre expansion et contraction.

"La zone euro est confrontée à des problèmes majeurs, allant de ses difficultés en périphérie - qui pèseront sur la croissance - à la situation du marché du travail, avec un chômage historiquement élevé", explique Jacques Cailloux, économiste chez RBS.

"A cela s'ajoute l'euro qui reste historiquement fort, même s'il s'est déprécié ces dernières semaines", poursuit-il. "Cela fait trois vents contraires auxquels la région devra faire face".

Selon les derniers chiffres disponibles qui remontent à novembre, 16 millions de citoyens de la zone euro sont au chômage, représentant 10% de la population active et un plus haut depuis 11 ans .

Les économistes voient en moyenne le taux de chômage culminer à 10,5% au deuxième semestre 2010, avant de revenir à 10,2% à la fin du premier semestre 2011.

Le risque d'une rechute récessionniste apparaît toutefois négligeable : sur les 42 experts ayant répondu à cette question, un seul prévoit une contraction du produit intérieur brut aux premier et deuxième trimestres 2010.

La prévision médiane pour la croissance sur l'ensemble de l'année ressort à 1,2%, avec des estimations qui s'échelonnent entre 0,2 et 2,4%.

Jürgen Stark, membre du directoire de la BCE, a estimé mercredi que la croissance ralentirait au premier semestre 2010, tout en excluant un retour de la récession .

RISQUES

Le banquier central allemand ne voit pas davantage de risque pour la stabilité des prix, une prédiction confortée par l'enquête Reuters qui voit le taux d'inflation évoluer de 1,2% actuellement à 1,5% mi-2011, en-deçà de l'objectif de 2% de la BCE.

Mais certains économistes sont prudents pour la suite.

"L'inflation n'est pas actuellement un danger mais il ne faut pas sous-estimer les implications à long terme de la dette publique sur la hausse des prix et la croissance", avertit Jens-Oliver Niklasch chez LBBW.

La faiblesse de l'inflation et de la croissance justifie en tout cas le maintien, dans les 12 mois à venir, des taux bas de la Banque centrale européenne, selon les économistes.

"La BCE ne relèvera probablement pas ses taux d'intérêt avant le quatrième trimestre 2010 au plus tôt", pronostique Howard Archer chez IHS Global Insight.

Le taux de refinancement, actuellement de 1,0%, devrait atteindre 1,50% à la fin 2010 puis 1,75% en mars 2011 et 2,0% à la mi-2011, selon les résultats de l'enquête.

Le risque le plus pressant provient peut-être de la Grèce, dont les difficultés financières ont plongé la zone euro dans l'une de ses plus graves crises depuis la création de la monnaie unique en 1999.

Une enquête Reuters effectuée la semaine dernière auprès de 27 économistes situait à 20% le risque de voir la Grèce demander un sauvetage financier.

"Nous ne croyons pas à un défaut de la Grèce. Si c'était le cas, les Etats membres de l'UEM apporteraient une assistance financière via les institutions communautaires", réagit Frederik Ducrozet chez Calyon.

Version française Véronique Tison