(Actualisé avec annonce)

par Jeff Mason et Matt Spetalnick

WASHINGTON, 16 janvier (Reuters) - Barack Obama a proposé mercredi la réinstauration d'une interdiction des armes semi-automatiques et la vérification systématique des antécédents de tous les acheteurs d'armes à feu pour lutter contre les multiples fusillades qui ensanglantent régulièrement les Etats-Unis.

Ces propositions, formulées dans la foulée de la tuerie de Newtown, qui a coûté la vie à 26 personnes dont 20 enfants en décembre, risquent toutefois de se heurter à une vive hostilité de la part du puissant lobby des armes à feu et de ses relais au sein du Congrès.

Le président démocrate a présenté son programme devant un auditoire au sein duquel avaient pris place des enfants lui ayant écrit pour exprimer leurs craintes concernant les armes à feu et la sécurité dans les établissements scolaires.

"Si réduire la violence liée aux armes à feu est un défi compliqué, protéger nos enfants du danger ne devrait pas être un thème de division", a dit Barack Obama.

Son projet s'articule autour de plusieurs grandes propositions, qui nécessiteront l'accord du Congrès: rétablissement de l'interdiction des armes d'assaut en vigueur de 1994 à 2004, interdiction des chargeurs de plus de 10 cartouches, vérification renforcée des antécédents juridiques des acheteurs, notamment lors des foires de ventes d'armes, et une nouvelle loi fédérale sur le trafic d'armes.

Ce dernier point est particulièrement important aux yeux des maires des grandes villes, qui peinent à lutter contre l'afflux d'armes en provenance d'autres endroits du pays.

Barack Obama a également annoncé 23 mesures immédiates prises par décret, sans passer par la voie législative. Elles portent notamment sur un renforcement du système existant de contrôle des acheteurs ou encore sur le déploiement de personnel supplémentaire dans les établissements scolaires pour faire face aux situations d'urgence.

VIRULENTES CRITIQUES DE LA NRA

Le point le plus contesté de ce vaste programme risque d'être le renouvellement de l'interdiction des armes semi-automatiques, auquel les républicains majoritaires à la Chambre des représentants devraient s'opposer.

L'auteur de la tuerie de Newtown, Adam Lanza, disposait d'armes de ce type lorsqu'il a abattu 20 enfants de six et sept ans dans l'école Sandy Hook.

Illustration de la rude bataille politique à venir, la National Rifle Association (NRA), selon laquelle le port d'armes est un droit constitutionnel, a lancé une virulente campagne de communication contre les projets de la Maison blanche et a dépêché ses émissaires en nombre au Capitole.

Dans des messages télévisés et sur internet, la NRA, qui revendique quatre millions d'adhérents, affirme que Barack Obama est "juste un élitiste hypocrite de plus" puisqu'il accepte la protection du Secret Service pour ses deux filles mais qu'il refuse de déployer des gardes armés dans toutes les écoles, mesure préconisée par cette organisation.

Après les annonces présidentielles, elle a jugé que Barack Obama "attaque les armes à feu et ignore les enfants".

"Seuls les propriétaires d'armes à feu honnêtes et respectueux de la loi seront affectés tandis que nos enfants resteront vulnérables à de nouveaux drames inexorables", écrit la NRA dans un communiqué.

Malgré les fusillades meurtrières qui ont émaillé son premier mandat, Barack Obama ne s'était jusqu'à présent pas risqué à réformer le droit controversé et éminemment conflictuel du port d'armes.

Réélu en novembre, il a chargé son vice-président Joe Biden d'une vaste consultation sur le sujet à la suite de la tuerie de Newtown. (Jean-Philippe Lefief et Bertrand Boucey pour le service français)