(Actualisé avec réaction chinoise §5-7)

TOKYO, 1er janvier (Reuters) - Le ministre japonais de l'Intérieur s'est rendu mercredi au sanctuaire de Yasukuni entretenant la polémique ouverte par le Premier ministre Shinzo Abe qui avait effectué une visite controversée dans ce mémorial, la semaine passée.

Le sanctuaire est un site à la mémoire des soldats japonais morts au combat mais est considéré par la Chine et par la Corée du Sud comme le symbole de l'impérialisme nippon.

Pékin et Séoul font valoir que les dépouilles de militaires condamnés comme criminels de guerre après la fin du second conflit mondial reposent aux côtés de celles de soldats tombés au champ d'honneur.

Le ministre Yoshitaka Shindo a estimé que sa visite au sanctuaire de Yasukuni n'avait pas de raison de se transformer en incident diplomatique, rapporte l'agence de presse Kyodo.

Sa visite a été aussitôt dénoncée par le ministère chinois des Affairse étrangères comme une tentative destinée "à récuser les conséquences de la guerre mondiale contre le fascisme".

"Le peuple chinois et les peuples des autres nations asiatiques ne permettront pas au Japon d'inverser le cours de l'histoire", a dit Hua Chunying, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

"Nous appelons solennellement le Japon à réfléchir à l'histoire et à changer de comportement", a-t-il ajouté.

La Chine et la Corée du Sud ont eu à souffrir de l'expansionnisme militaire japonais. Plusieurs régions chinoises furent occupées au cours des années 30 et la Corée fut colonisée de 1910 à 1945.

Les autorités nippones se sont publiquement excusées pour ces faits mais Chinois et Sud-Coréens doutent de la sincérité de leur repentir.

Les dirigeants chinois ont fait savoir qu'ils refusaient désormais de rencontrer Shinzo Abe après la visite du chef du gouvernement nippon à Yasukuni jeudi dernier, une première pour un Premier ministre en exercice depuis 2006.

Cet incident est venu accroître les tensions déjà existantes entre les deux plus grandes économies asiatiques qui se disputent la propriété d'un groupe d'îles inhabitées en mer de Chine orientale.

Selon les observateurs, Shinzo Abe, connu pour ses fortes positions conservatrices, tente de ranimer la fierté nationale nippone et de libérer le Japon de son image de nation obligée de s'excuser pour ses actes passés.

(Shinichi Saoshiro et Michael Martina à Pékin; Pierre Sérisier pour le service français)