Les circonstances du naufrage de l'Adriana en juin dernier restent une source de litige entre les autorités grecques et les groupes de défense des droits des survivants et des migrants, ce qui signifie que le procès pourrait être la première occasion d'entendre officiellement les récits de certaines des personnes présentes à l'époque.

Les survivants ont accusé les garde-côtes grecs d'avoir fait chavirer le bateau. Les autorités, qui ont surveillé l'Adriana pendant des heures, affirment qu'elle s'est renversée alors qu'un navire des garde-côtes se trouvait à environ 70 mètres. Les garde-côtes ont nié toute faute.

On ne sait toujours pas ce qui s'est passé entre le moment où les garde-côtes ont été alertés de la présence du bateau et celui où il a chaviré.

Dans un rapport publié en décembre, l'agence européenne de surveillance des frontières Frontex, qui avait repéré le bateau depuis les airs avant les garde-côtes, a déclaré que les autorités grecques n'avaient pas répondu à ses appels de suivi et à ses offres d'assistance. Elle a ajouté qu'elle n'était pas en mesure de déterminer la cause du chavirement de l'Adriana.

Le chalutier surchargé transportait des centaines de migrants originaires du Pakistan, de Syrie et d'Égypte lorsqu'il a coulé au large de la ville méridionale de Pylos, dans les eaux internationales, alors qu'il faisait route de la Libye vers l'Italie. Quelque 104 hommes ont survécu et seuls 82 corps ont été repêchés.

Il s'agit de la pire catastrophe depuis des années, qui met une nouvelle fois en évidence les dangers auxquels sont exposés les migrants qui traversent la Méditerranée pour se rendre en Europe.

Les neuf Égyptiens, en détention provisoire depuis juin, sont accusés d'avoir provoqué l'incident, d'avoir participé à une organisation criminelle, d'avoir fait du trafic de migrants et d'autres chefs d'accusation, a déclaré l'une des sources à Reuters. Ils ont nié tout acte répréhensible. Le procès doit s'ouvrir le 21 mai à Kalamata.

Les groupes de défense des droits se sont opposés à leur détention.

"Ces survivants méritent d'être soutenus, pas d'être persécutés. Il est temps d'abandonner les poursuites", a déclaré l'ONG Legal Centre Lesvos.

L'année dernière, les survivants ont raconté qu'une tentative infructueuse des garde-côtes grecs pour remorquer le chalutier avait fait chavirer le navire. Leurs déclarations contredisent celles du gouvernement grec et des garde-côtes, qui ont affirmé que le bateau avait refusé toute assistance.

En septembre, 40 survivants ont intenté une action en justice contre les autorités grecques, les accusant de ne pas être intervenues pour sauver les personnes à bord et d'avoir provoqué le chavirement du navire.