par Caroline Pailliez

PARIS, 12 septembre (Reuters) - Le régime des retraites français devrait connaître un excédent de 3,2 milliards d'euros (0,1% du PIB) en 2022, avant de se dégrader et de rester déficitaire sur les 25 prochaines années, peut-on lire dans le rapport annuel du Conseil d'orientation des retraites (COR) qui sera présenté officiellement jeudi.

Les finances du régime, qui s'étaient améliorées en 2021 grâce au rebond de l'économie après la crise sanitaire, devraient revenir à l'équilibre au plus tôt vers le milieu des années 2030, selon les scénarios de croissance et les modes de calcul les plus optimistes, ou bien rester en déficit jusqu'à la fin des projections en 2070, selon les scénarios de croissance et calculs les plus pessimistes.

"Sur les 25 prochaines années, le système de retraite serait en moyenne déficitaire, quels que soient la convention et le scénario retenus", peut-on lire dans le rapport.

La part des dépenses dans la PIB resterait cependant globalement stable voire diminuerait entre 2021 et 2070, passant de 13,8% à une fourchette allant de 12,1% à 14,7%, et ce, malgré le vieillissement de la population, précise le COR.

Cela s'explique par le recul de l'âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans acté par la réforme de 2014 et par la dégradation du niveau de vie des retraités par rapport à celui de l'ensemble de la population. Les pensions de retraites étant indexées sur les prix, elles évoluent moins vite que les salaires.

Si le COR se garde de prendre position sur la nécessité ou non de réformer le régime des retraites, il précise que les objectifs du gouvernement de réduction des dépenses budgétaires à l'horizon 2027 ne semblent pas "compatibles" avec l'évolution des dépenses du système.

MISE EN GARDE DES SYNDICATS

Le gouvernement s'est donné pour cible de ramener le déficit public sous le seuil de 3% en 2027, soit le seuil d'alerte que les pays de l'Union européenne se sont engagés à ne pas dépasser. Il est de 5% aujourd'hui.

"Pour tenir ces objectifs, la croissance des dépenses publiques devrait être limitée à 0,6 % en volume entre 2022 et 2027. Or les dépenses de retraites qui représentent le quart de ces dépenses publiques progresseraient sur la période de 1,8 % en termes réels", peut-on lire dans le rapport.

L'ensemble des syndicats, reçus au ministère du Travail lundi, ont mis en garde le gouvernement contre l'idée d'introduire une mesure de décalage de l'âge légal de départ à la retraite dans les prochains textes de financement de la Sécurité sociale, une rumeur que le gouvernement n'a pas souhaité pour l'instant commenter.

"Ça appellerait de fortes mobilisations de l'ensemble des forces syndicales de ce pays. Je rappelle qu'il y a une intersyndicale où 13 organisations ont rappelé leur opposition, il y a 15 jours, à la réforme des retraites", a dit Michel Beaugas, secrétaire confédéral Force ouvrière, à l'issue de la réunion.

Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, avait déclaré jeudi sur RTL qu'une telle réforme allait mettre "le feu au pays".

L'exécutif table sur une entrée en vigueur progressive de sa nouvelle réforme des retraites à partir de l'été 2023. Des concertations avec les partenaires sociaux devraient débuter dès la semaine prochaine, a-t-on appris au ministère du Travail. (Reportage Caroline Pailliez, édité par Sophie Louet)