* Un groupe aéronaval américain en route vers la région

* Craintes d'un nouvel essai nucléaire nord-coréen

* Les frappes US en Syrie relancent la possibilité d'une action

SEOUL/TOKYO, 10 avril (Reuters) - Un émissaire chinois est attendu en Corée du Sud ce lundi pour discuter du programme d'armement nord-coréen, sur fond d'inquiétudes renouvelées quant à un nouvel essai nucléaire du régime de Pyongyang.

Reuters a appris samedi qu'un groupe aéronaval américain faisait route vers la péninsule coréenne afin d'assurer une "présence accrue" dans la région.

La Corée du Nord célèbre ce mois-ci plusieurs anniversaires et de telles fêtes ont déjà servi par le passé de prétexte à des démonstrations militaires de grande ampleur.

La possibilité d'une action directe de l'armée américaine contre la Corée du Nord a été évoquée ces derniers jours, après les frappes américaines qui ont visé vendredi une base aérienne syrienne.

Le secrétaire d'Etat américain, Rex Tillerson, a déclaré lui-même que les frappes en Syrie étaient un avertissement lancé aux autres pays, et notamment à la Corée du Nord.

A Tokyo, on minimise la possibilité d'une telle intervention, tandis qu'à Séoul, on souligne que la priorité reste de dissuader toute action et de se préparer à toute éventualité.

"Ce n'est probablement pas réaliste pour les Etats-Unis d'attaquer la Corée du Nord", a déclaré un responsable du ministère de la Défense japonais. "Si l'Amérique dit qu'elle va attaquer, le Japon et la Corée du Nord y mettront probablement un coup d'arrêt", a-t-il ajouté sous couvert d'anonymat.

"Si vous constituez une menace pour les autres (...) une réaction est à attendre", a déclaré le chef de la diplomatie américaine samedi.

"Le président Xi le comprend clairement, et je pense qu'il est d'accord, la situation s'est aggravée et a atteint un niveau de menace tel qu'une mesure doit être prise", a poursuivi Rex Tillerson dans une interview à CBS.

Lundi, le représentant spécial de Pékin pour les Affaires de la péninsule coréenne, Wu Dawei, devrait discuter de la question avec son homologue sud-coréen, a annoncé le ministère des Affaires étrangères à Séoul.

Ce déplacement intervient dans la foulée du premier sommet sino-américain, en Floride, où Donald Trump a pressé Xi Jinping d'exercer son influence auprès de Pyongyang pour contenir son programme nucléaire.

La Corée du Nord a effectué deux essais nucléaires et une série de tirs de missiles depuis début 2016, au mépris des résolutions des Nations unies. Elle est soupçonnée de travailler au développement de missiles de longue portée équipés de têtes nucléaires susceptibles d'atteindre les Etats-Unis.

DÉMONSTRATION DE FORCE

Le groupe aéronaval américain USS Carl Vinson a annulé ses escales prévues en Australie pour faire route vers la péninsule coréenne, a appris Reuters samedi d'un responsable américain, qui précisait: "Nous avons le sentiment qu'une présence accrue est nécessaire."

Les forces navales sud-coréennes et américaines participent en outre à des manoeuvres militaires communes annuelles jusqu'à la fin du mois d'avril. Pyongyang estime que ces exercices visent à préparer la guerre.

Plusieurs anniversaires du régime commémorés en avril sont susceptibles de fournir l'occasion de nouveaux tests nucléaire ou de missiles, a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense nord-coréen, Moon Sang-kyun.

Kim Jong-un a invité de nombreux représentants de la presse internationale cette semaine, notamment à l'occasion du "Jour du Soleil" le 15 avril (samedi), qui marque le 105e anniversaire de la naissance du fondateur de la république démocratique populaire, Kim Il-sung.

Le responsable sud-coréen Moon Sang-kyun a toutefois refusé de se prononcer sur la possibilité d'une frappe américaine.

"Etant donné la possibilité de provocations stratégiques de la Corée du Nord, comme un essai nucléaire et des tirs de missiles, nous avons mis en place une (stratégie de) dissuasion contre les provocations du Nord et nous nous tenons prêts", a-t-il déclaré lundi lors d'une conférence de presse.

Des émissaires sud-coréen, japonais et américain se rencontreront bientôt pour discuter de leur réponse coordonnée, a-t-il ajouté. (Ju-min Park à Séoul et Nobuhiro Kubo à Tokyo; Julie Carriat pour le service français, édité par Tangi Salaün)