Le commentaire de Grégoire de Fournas, un législateur du Rassemblement national (RN) de l'opposition de Marine Le Pen, alors que le député de gauche Carlos Martens Bilongo était en train de parler, a déclenché un tollé jeudi et a paralysé la chambre basse du Parlement.

Le gouvernement centriste, la gauche et la droite dominante ont déclaré que la remarque était une insulte raciste inacceptable. L'extrême droite a soutenu que M. de Fournas ne visait pas Martens Bilongo mais plutôt les migrants actuellement bloqués sur un bateau d'une ONG en Méditerranée, et qu'il n'y avait rien de mal à cela.

Il "a évidemment parlé des migrants transportés dans des bateaux par les ONG", a tweeté Mme Le Pen jeudi. "La polémique créée par nos adversaires politiques (...) ne trompera pas les Français".

Au cours des dernières années, Mme Le Pen a fait des progrès pour désintoxiquer l'image de son parti et convaincre les électeurs qu'il s'est rapproché du courant conservateur, et elle avait exhorté ses députés à contribuer à la poursuite de ces efforts en projetant une image plus modérée.

De nombreux membres du gouvernement centriste et de la gauche ont déclaré que les commentaires de Fournas et la réaction de son parti montraient le "vrai visage" d'un parti qui, selon eux, n'avait pas vraiment changé.

"Mme Le Pen n'a toujours pas dit à ce député de partir, elle est donc complice", a déclaré le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.

L'organe directeur de l'assemblée, qui comprend deux membres du RN parmi six vice-présidents, a prévu de se réunir à 14h30 (1330 GMT) vendredi pour décider si M. de Fournas sera sanctionné.

Les sanctions possibles, que le Parlement dans son ensemble devrait confirmer, comprennent la perte de la moitié de son salaire de député pendant quelques semaines, et il pourrait également être interdit de parlement pendant deux semaines.

"Je m'attends à la peine la plus sévère", a déclaré Martens Bilongo à la radio RMC. "C'est une phrase raciste".

"Je n'ai jamais ressenti une telle violence et un tel choc chez tous nos collègues parlementaires", a déclaré Franck Riester, ministre des Relations avec le Parlement, à la radio Europe 1. "J'ai vu des députés en larmes. C'est le vrai visage du Front national. Enfin les masques tombent. Les sanctions doivent être très fortes."

M. de Fournas a déclaré vendredi à BFM TV que sa remarque n'était pas dirigée contre Martens Bilongo. "Je ne parlais pas du député mais du bateau", a-t-il déclaré. "Il est hors de question que je prenne du recul ou que je démissionne".

Avec 89 parlementaires, le RN est le deuxième parti le plus important à l'Assemblée nationale.

La sémantique de la déclaration de M. de Fournas a suscité un débat considérable.

Alors que de nombreux députés ont dit l'avoir entendu dire ce qui se traduirait en anglais par un simple "Go back to Africa !", d'autres ont entendu un autre mot au début de sa phrase qui changerait le sens en "He should go back to Africa" ou "They should go back to Africa".

Le RN a déclaré que de Fournas ne parlait pas de son collègue noir.