(Actualisé avec FMI)

par Yasmine Saleh

LE CAIRE, 5 janvier (Reuters) - Le Fonds monétaire international (FMI) a annoncé samedi qu'un de ses responsables rencontrerait lundi au Caire les dirigeants égyptiens pour évoquer la demande égyptienne d'un prêt de 4,8 milliards de dollars.

Massoud Ahmed, directeur du FMI pour le Proche-Orient et l'Asie centrale, évoquera avec ses interlocuteurs les récents développements économiques ainsi qu'un "possible soutien du FMI à l'Egypte pour faire face à ces défis", ajoute le Fonds dans un communiqué.

Selon le quotidien égyptien Akhbar Al Youm, l'émissaire du FMI devrait rencontrer le président Mohamed Morsi, le Premier ministre Hicham Kandil, plusieurs ministres et le gouverneur de la banque centrale égyptienne,.

L'octroi de ce prêt est essentiel pour soulager les finances égyptiennes, face au poids de la dette et à la crise économique qui a suivi la chute du président Hosni Moubarak, renversé par la rue en février 2011.

Le FMI a donné son accord de principe en novembre mais le gouvernement du Caire a repoussé à janvier sa demande définitive et reporté une série de hausses d'impôt, afin de se donner le temps d'expliquer au pays son plan d'austérité.

Les efforts du chef du gouvernement pour relancer l'activité ont été mis à mal par les récents troubles, qui ont à nouveau fait fuir des touristes qui recommençaient à fréquenter l'Egypte où le secteur touristique fournit un emploi sur huit.

Depuis le début 2011, la livre égyptienne a perdu environ 10% de sa valeur par rapport au dollar.

Elle a accentué sa baisse cette semaine malgré les dernières mesures prises par la banque centrale pour freiner sa chute.

Le président Morsi va officialiser dimanche un remaniement ministériel, en révoquant notamment les ministres des Finances et de l'Intérieur. (voir ) 

CHUTE DE LA LIVRE ÉGYPTIENNE

Le nouveau dispositif vise à endiguer la baisse des réserves de change égyptiennes, qui ne représentent plus que trois mois d'importations, un niveau jugé critique par la banque centrale.

Le ministre des Finances sortant, Moumtaz al Saïd, a répété cette semaine qu'il tablait sur une stabilisation prochaine. "Je m'attends à ce que d'ici un mois ou un mois et demi les choses se stabilisent complètement", a-t-il dit.

Un avis qui n'est pas partagé par la plupart des économistes, dont Neil Shearing, de Capital Economics, qui prédit un taux de change de sept livres pour un dollar à la fin de l'année.

Les tensions politiques, liées notamment à la nouvelle Constitution approuvée par référendum en décembre, ont poussé de nombreux Egyptiens à convertir leur épargne en dollars.

Les autorités monétaires ont consacré ces deux dernières années plus de 20 milliards de dollars (15,2 milliards d'euros), soit plus de la moitié des réserves de change, à défendre la monnaie nationale.

Le Premier ministre, Hisham Kandil, a reconnu dimanche dernier que l'économie égyptienne était dans une situation "très difficile et très fragile".

L'opposition compte bien exploiter les mesures de rigueur prévues par le gouvernement pour s'imposer face aux islamistes lors des élections législatives prévues en principe d'ici deux mois.

Deux Egyptiens sur cinq vivent en dessous ou au niveau du seuil de pauvreté et dépendent largement des aides publiques pour subsister, un poste budgétaire qui grève les finances de l'Etat. (Pascal Liétout et Guy Kerivel pour le service français)