par Jonathan Landay

KHERSON, Ukraine, 13 novembre (Reuters) -

Le président ukrainien Volodimir Zelensky a accusé dimanche les soldats russes de commettre des crimes de guerre et de tuer des civils à Kherson, dont certaines parties ont été reprises par l'armée ukrainienne la semaine dernière après le retrait de la Russie.

"Les enquêteurs ont déjà documenté plus de 400 crimes de guerre russes. Des corps de civils et de militaires morts ont été retrouvés", a déclaré Volodimir Zelensky dans son discours vidéo nocturne.

"L'armée russe a laissé derrière elle la même sauvagerie que dans les autres régions du pays où elle est entrée", a-t-il ajouté.

Reuters n'a pas été en mesure de vérifier immédiatement ses allégations. La Russie nie que ses troupes ciblent intentionnellement les civils.

Les entreprises de services publics de Kherson s'efforcent de restaurer les infrastructures essentielles endommagées et minées après le départ des forces russes, la plupart des foyers de cette ville du sud de l'Ukraine étant toujours privés d'électricité et d'eau, ont indiqué dimanche des responsables régionaux.

Les troupes ukrainiennes sont arrivées dans le centre de Kherson vendredi après que la Russie a abandonné la seule capitale régionale qu'elle avait capturée depuis le début de son invasion en février.

Ce départ est la troisième grande retraite russe durant le conflit et la première à impliquer la cession d'une ville occupée aussi importante, face à une contre-offensive ukrainienne majeure qui a repris des parties de l'est et du sud.

Dimanche, les échanges d'artillerie qui résonnaient au-dessus de la ville n'ont pas réussi à décourager des foules de en liesse, brandissant des drapeaux et emmitouflés contre le froid, de se rassembler sur la place principale de Kherson. Les habitants ont tenté de capter les signaux des téléphones portables émis par les stations terrestres Starlink, embarquées dans les véhicules militaires ukrainiens.

LA SITUATION HUMANITAIRE "RESTE TRÈS DIFFICILE"

Le gouverneur de la région de Kherson, Yaroslav Yanouchevytch, a déclaré que les autorités avaient décidé de maintenir un couvre-feu de 17 heures à 8 heures et d'interdire aux gens de quitter ou d'entrer dans la ville par mesure de sécurité.

"L'ennemi a miné tous les objets d'infrastructure critiques", a-t-il dit à la télévision ukrainienne.

"Nous essayons de nous réunir dans quelques jours et (ensuite) d'ouvrir la ville", a dit Yaroslav Yanouchevytch, ajoutant qu'il espérait que les opérateurs de téléphonie mobile pourraient reprendre leur service bientôt.

Le directeur des chemins de fer ukrainiens a précisé que les services ferroviaires vers Kherson devraient reprendre cette semaine.

Un autre responsable régional a toutefois déclaré que si le déminage était en cours et que les autorités s'efforçaient de rétablir les services essentiels, sur le plan humanitaire, la situation dans la ville "reste très difficile".

"La plupart des maisons n'ont pas d'électricité, pas d'eau et des problèmes d'approvisionnement en gaz", a déclaré Yuri Sobolevsky, premier vice-président du conseil régional de Kherson, à la télévision ukrainienne.

Volodimir Zelensky a dit dans une allocution vidéo samedi qu'"avant de fuir Kherson, les occupants ont détruit toutes les infrastructures essentielles : communications, eau, chauffage, électricité".

L'état-major ukrainien a rappelé que des combats acharnés se poursuivaient le long du front oriental dans les régions de Donetsk et de Louhansk.

Au cours des dernières 24 heures, ses forces ont repoussé les attaques russes le long de plusieurs localités dans les deux régions, tout en signalant des tirs de roquettes et d'artillerie russes dans les zones orientales de Bakhmout, Avdiivka, Novopavlivka et Zaporijjia.

Volodimir Zelensky a en partie attribué le succès de l'Ukraine à Kherson et ailleurs à la résistance acharnée dans la région de Donetsk malgré les attaques russes répétées.

"Là-bas, c'est tout simplement l'enfer - il y a des batailles extrêmement féroces tous les jours", a-t-il déclaré samedi.

(Reportage David Ljjungren, Jonathan Landay, Gleb Garanich et Pavel Polityuk, rédigé par Clarence Fernandez et Tomasz Janowski ; Version française Kate Entringer et Benjamin Mallet)