LVIV (Reuters) - Le président ukrainien Volodimir Zelenski a prévenu les forces armées russe qu'elles s'exposaient à un combat à mort si elles tentaient d'occuper Kiev, alors que les sirènes d'alertes ont réveillé dimanche les résidents de la capitale ukrainienne.

"Si (les forces russes) décident de bombarder et d'effacer purement et simplement l'histoire de cette région et de tous nous détruire, alors elles entreront dans Kiev. Si c'est leur objectif, qu'elles entrent, mais elles devront vivre seules sur cette terre", a déclaré samedi Volodimir Zelenski.

Le président ukrainien, qui est apparu régulièrement sur les réseaux sociaux depuis la capitale, a indiqué que certaines petites villes n'existaient plus.

Les bombardements de l'armée russe ont empêché des milliers de personnes d'évacuer des villes assiégées et 2,5 millions d'Ukrainiens ont fui leur pays.

L'Ukraine a accusé samedi les forces russes d'avoir tué sept civils dans une attaque menée contre un convoi de femmes et d'enfants tentant de fuir les combats près de Kiev.

Le président français Emmanuel Macron s'est entretenu samedi avec son homologue russe Vladimir Poutine et le chancelier allemand Olaf Scholz, mais les discussions n'ont pas permis de déceler chez le président russe de volonté de cesser la guerre en Ukraine, a rapporté l'Elysée, qui a fait état d'une "conversation difficile".

Le président français et le chancelier allemand ont plaidé pour la mise en place d'un cessez-le-feu.

Volodimir Zelenski a déclaré samedi que la Russie était en train d'envoyer des renforts de troupes en Ukraine après avoir subi ce qu'il a qualifié de pertes les plus lourdes depuis des dizaines d'années. Reuters n'a pas été en mesure de vérifier ces affirmations de manière indépendante.

"Nous devons tenir. Nous devons combattre", a dit le président ukrainien dans une allocution diffusée samedi, dans laquelle il a annoncé qu'environ 1.300 soldats ukrainiens avaient été tués.

Il a également jugé que les pays occidentaux devraient être davantage impliqués dans ces négociations.

Les Etats-Unis ont de leur côté annoncé qu'ils enverraient des armes légères, antichars et antiaériennes d'une valeur de 200 millions de dollars (183 millions d'euros) à l'Ukraine, les responsables ukrainiens ayant demandé l'accès à des équipements de défense supplémentaires pour faire face aux bombardements des forces russes.

Le numéro deux de la diplomatie russe, Sergueï Riabkov, a accusé les Etats-Unis de participer à l'escalade des tensions et a déclaré que la situation avait été compliquée après que les pays occidentaux ont fourni des armes et des munitions à l'Ukraine.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a annoncé samedi que les discussions entre la Russie et l'Ukraine, qui se sont déroulées en personne en Biélorussie, se sont poursuivies ces derniers jours par téléconférence, selon l'agence RIA.

COULOIRS HUMANITAIRES

Des tirs de missiles russes ont détruit samedi matin un aérodrome et ont frappé un dépôt de munitions près de la ville de Vassilkiv, dans la région de Kiev, a déclaré la maire, Natalia Balassinovitch, cité par l'agence Interfax Ukraine.

Visiblement exténué, le gouverneur de Tchernihiv, à environ 150 km au nord-est de Kiev, est apparu dans une vidéo devant les ruines de l'hôtel Ukraine, bombardé ce samedi selon lui.

"Il n'y a plus d'hôtel", a dit Viatcheslav Tchaus, essuyant des larmes dans ses yeux. "Mais l'Ukraine elle-même existe toujours et elle vaincra."

Le ministre de la Défense britannique a déclaré que les forces russes se trouvaient à 25 km du centre de Kiev, alors que Kharkiv, Tchernihiv, Soumy et le port de Marioupol sont toujours assiégées et soumises à d'intenses bombardements.

L'état-major des forces armées ukrainiennes a annoncé que la Russie avait ralenti son offensive et que ses troupes avaient été arrêtées dans de nombreux endroits, sans que l'armée ne donne plus de détails dans une publication sur sa page Facebook.

Irina Verechtchouk, vice-Première ministre ukrainienne, a annoncé qu'environ 13.000 personnes avaient été évacuées samedi de plusieurs villes d'Ukraine.

Le gouverneur de la région de Donetsk, dans l'est de l'Ukraine, a souligné que les bombardements incessants rendaient difficile l'acheminement d'une aide humanitaire aux habitants de Marioupol.

Le conseil municipal de ce port du sud-est de l'Ukraine, a rapporté qu'au moins 1.582 civils avaient été tués dans les bombardements et le siège de la ville. Reuters n'a pas été en mesure de vérifier ces chiffres de manière indépendante.

"Des informations font état de pillages et d'affrontements violents entre civils pour le peu de ressources de base qu'il reste dans la ville", a déclaré le Bureau de la coordination des Affaires humanitaires des Nations unies.

Selon un membre du personnel de Médecins sans frontières se trouvant à Marioupol, la population fait bouillir de l'eau récupérée afin de pouvoir la boire, utilise du bois pour cuisiner et enterre ses morts près de l'endroit où ils sont tombés.

(avec les rédactions de Reuters, rédigé par Philippa Fletcher, Timothy Heritage, Matt Spetalnick et Michael Perry; version française Camille Raynaud)

par Pavel Polityuk et Natalia Zinets