* USA et Otan ont remis par écrit leurs réponses respectives aux demandes russes

* La Russie a de nouveau mené des exercices militaires près de l'Ukraine

* A Paris, un "bon signal" dans les discussions en format Normandie-Elysée

MOSCOU/WASHINGTON/PARIS, 26 janvier (Reuters) - Les Etats-Unis et l'Otan ont remis mercredi leurs réponses écrites aux demandes sécuritaires de Moscou, alors que la Russie a mené de nouveaux exercices militaires près de l'Ukraine et que se tenait à Paris une réunion en "format Normandie" pour tenter de relancer le dialogue diplomatique entre Moscou et Kiev.

En massant ces derniers mois des dizaines de milliers de soldats à sa frontière avec l'Ukraine, la Russie a alimenté chez les Occidentaux les craintes d'une nouvelle offensive, après avoir annexé la péninsule de Crimée en 2014 et continué depuis lors à soutenir les séparatistes dans la région du Donbass.

La Russie, qui nie toute intention belliqueuse envers son voisin, réclame de l'Occident des garanties sécuritaires, dont celle que l'Otan ne s'élargira pas à l'Est pour inclure l'Ukraine. Elle a transmis en fin d'année dernière une vaste liste de demandes, indiquant alors attendre des réponses occidentales par écrit.

Washington et ses alliés rejettent fermement l'idée que la Russie puisse avoir son mot à dire sur la composition de l'Otan et refusent de promettre que l'Ukraine n'intégrera pas un jour l'Alliance. Les Occidentaux se disent prêts en revanche à discuter du contrôle des armes et de mesures de confiance.

Les Etats-Unis et la Russie ont participé ce mois-ci à plusieurs réunions bilatérales pour tenter d'apaiser les tensions concernant l'Ukraine, alors que Washington dit craindre une offensive imminente de Moscou.

Des discussions en format plus larges, réunissant l'Otan et la Russie, ont aussi été organisées récemment, sans permettre d'avancer vers une sortie de crise.

Par ailleurs, la France a relancé les discussions en "format Normandie", avec la Russie, l'Ukraine et l'Allemagne. Une réunion organisée à Paris a abouti mercredi à la publication d'une déclaration commune, pour la première fois depuis plus de deux ans, dans laquelle les parties prenantes ont réaffirmé l'importance des accords de Minsk et dit soutenir un "respect inconditionnel" au cessez-le-feu.

L'OTAN APPELLE MOSCOU À UNE "DÉSESCALADE IMMÉDIATE"

A Bruxelles, le secrétaire général de l'Otan a fait savoir devant les journalistes que l'Alliance avait transmis dans la journée ses réponses écrites aux demandes de Moscou.

Jens Stoltenberg a appelé la Russie à opérer "immédiatement une désescalade de la situation", notant que le déploiement de milliers de soldats russes en Biélorussie, qui partage une frontière avec l'Ukraine, contribuait à alimenter les tensions.

Kiev estime que Moscou a pour but de semer la panique. Selon le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dimitro Kouleba, la Russie n'a pour l'heure pas déployé suffisamment de troupes pour mener une offensive de grande ampleur, sans exclure un tel scénario à l'avenir.

La Russie a mené dans la journée de nouvelles manoeuvres militaires, au sol et en mer Noire, tout en envoyant des soldats et des avions de chasse supplémentaires en Biélorussie en vue, dit-elle, d'exercices conjoints le mois prochain.

Un haut diplomate russe a assuré que les manoeuvres n'étaient aucunement liées à l'Ukraine.

L'ambassadeur des Etats-Unis à Moscou s'est rendu mercredi au ministère russe des Affaires étrangères pour remettre en personne les réponses écrites de Washington aux demandes de Moscou en matière de sécurité, ont rapporté les gouvernements russe et américain.

D'après l'agence de presse russe RIA, John Sullivan s'est rendu dans la soirée au ministère, d'où il est reparti une trentaine de minutes plus tard.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a déclaré que les réponses écrites fixaient le cadre d'une issue diplomatique à la crise, à condition que Moscou choisisse cette voie, rappelant que les Etats-Unis cherchaient à éviter une escalade militaire en Ukraine.

Il a aussi dit s'attendre à de nouvelles discussions avec son homologue russe Sergueï Lavrov après leur rencontre vendredi dernier à Genève qui n'a pas permis de rapprocher les positions de Washington et Moscou.

"BON SIGNAL" À PARIS

Fait rare, Joe Biden a prévenu mardi qu'il n'excluait pas de sanctionner directement son homologue russe Vladimir Poutine en cas d'invasion de l'Ukraine, une hypothèse que le Kremlin a décrit comme potentiellement "destructrice" politiquement.

Le président français Emmanuel Macron a pour sa part indiqué qu'il demanderait vendredi lors d'un entretien téléphonique des "clarifications" à Vladimir Poutine.

Un conseiller de l'Elysée a déclaré mercredi que la Russie a envoyé un "bon signal" lors des discussions en format Normandie menées à Paris, qui ont permis d'obtenir de Moscou la promesse de s'impliquer de nouveau dans le processus.

Il a noté toutefois que des divergences majeures persistaient, disant espérer des avancées lors d'une nouvelle réunion prévue à Berlin dans deux semaines.

S'exprimant devant des journalistes, il a souligné que c'était la première fois en plus de deux ans qu'un consensus quelconque était obtenu lors des discussions en "format Normandie", ce qui est "crucial" dans le contexte actuel.

L'Allemagne a annoncé plus tôt l'envoi de 5.000 casques militaires en Ukraine, une décision qui a provoqué notamment la stupeur du maire de la capitale Kiev, alors que Berlin dit avoir pour principe de ne pas livrer d'armes létales.

Depuis que la crise ukrainienne s'est amplifiée, les Etats-Unis tentent d'obtenir un consensus occidental sur les sanctions à imposer contre la Russie en cas d'invasion de l'Ukraine. Ces démarches sont toutefois compliquées notamment par la dépendance de l'Europe à l'énergie russe, dont les livraisons pourraient être perturbées - une hypothèse à laquelle Washington tente de se préparer. (Reportage Anton Kolodyazhnyy et Tom Balmforth à Moscou, Humeyra Pamuk, Doina Chiacu, Simon Lewis et Arshad Mohammed à Washington, John Irish à Paris, Pavel Polityuk à Kiev; version française Jean Terzian)