(Actualisé avec conférence de presse de John Kerry)

par Lesley Wroughton

LONDRES, 21 février (Reuters) - Les Etats-Unis et leurs alliés européens envisagent un durcissement des sanctions contre la Russie, accusée de soutenir les rebelles séparatistes ukrainiens, tandis que Barack Obama évaluera les prochaines mesures à prendre sur ce dossier dans les prochains jours, a annoncé samedi John Kerry.

Le chef de la diplomatie américaine s'exprimait après une rencontre avec son homologue britannique, Philip Hammond. Il a précisé que parmi les options envisagée par le président américain figuraient l'armement des forces ukrainiennes et un alourdissement des sanctions contre la Russie pour non respect du cessez-le-feu conclu le 12 février dernier à Minsk, la capitale Biélorussie, sous l'égide de la France et de l'Allemagne.

"Dans les prochains jours, je suppose que le président Obama évaluera les choix qui sont devant lui et prendra sa décision quant à ce que sera la prochaine étape", a déclaré le secrétaire d'Etat américain lors d'une conférence de presse à l'issue de ses entretiens avec Philip Hammond.

"Des discussions importantes ont lieu en ce moment entre nous et nos alliés européens sur ce que ces prochaines sanctions seront et sur le moment de leur mise en oeuvre", a-t-il ajouté.

"Je pense qu'un certain nombre de mesures supplémentaires seront prises en réponse aux violations du cessez-le-feu."

L'armée ukrainienne a accusé vendredi la Russie d'avoir envoyé des renforts de chars et de troupes vers Novoazovsk, une ville tenue par les séparatistes située à 40 kilomètres à l'est de Marioupol au bord de la mer d'Azov, une zone dans laquelle pourrait s'ouvrir un nouveau front.

Le cessez-le-feu, est théoriquement entré en vigueur officiellement dimanche dernier après l'accord négocié à Minsk, mais des combats se poursuivent dans l'Est ukrainien.

"CYNIQUE ET LÂCHE"

Pour John Kerry, les violations la plus "flagrantes" du cessez-le-feu concernent l'assaut des séparatistes mené sur Debaltseve, noeud ferroviaire stratégique entre les deux bastions rebelles de Donetsk et Louhansk et les renforts militaires envoyés par Moscou aux séparatistes. Le Kremlin a toujours démenti la présence d'envoyés sur le sol ukrainien.

"Nous savons avec certitude ce que la Russie fournit et aucune propagande ne pourra dissimuler ces actions", a déclaré John Kerry. "(...) Les accords de Minsk ne sont pas sujets à interprétation, ils ne sont pas vagues, ils ne sont pas optionnels."

Le secrétaire d'Etat a indiqué que la Russie et les rebelles ne respectaient la trêve que dans un petit nombre de secteurs.

"Si cela continue, qu'on ne s'y trompe pas, il y aura de nouvelles conséquences, et notamment des conséquences qui mettrons une pression supplémentaire sur l'économie russe déjà en difficulté", a déclaré John Kerry. "Nous n'allons pas rester assis et permettre que ce genre de comportement cynique et lâche continue aux dépens de la souveraineté d'un autre pays."

L'armée ukrainienne a évoqué samedi la possibilité d'une offensive des rebelles sur Marioupol. Une attaque contre cette ville portuaire stratégique voie d'accès à la Crimée annexée en mars dernier par la Russie signerait probablement l'arrêt de mort de la trêve négociée à Minsk.

Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, a déclaré à la radio Echo de Moscou, selon des propos rapportés par l'agence Tass, que la Russie privilégiait le soutien à l'accord de Minsk.

"L'idée obsessionnelle visant à forcer quelqu'un à payer le prix (...) ne peut pas conduire à la résolution de la crise dans le sud-est de l'Ukraine", a-t-il dit en référence aux déclarations de John Kerry. (Marc Angrand et Danielle Rouquié pour le service français)