ASTANA, 14 octobre (Reuters) - Vladimir Poutine a promis vendredi la fin prochaine du rappel des réservistes russes et dit ne pas voir, pour l'heure, la nécessité de nouvelles frappes massives en Ukraine, où une centaine de missiles de croisière se sont abattus depuis lundi selon Kyiv.

Le président russe, qui s'exprimait lors d'une conférence de presse au terme d'un sommet régional au Kazakhstan, a justifié sa décision d'ordonner fin septembre la mobilisation partielle des réservistes, indispensable selon lui pour tenir la ligne de front, tout en promettant que l'opération serait terminée dans deux semaines.

"La ligne de contact est longue de 1.100 km, il est donc pratiquement impossible de la tenir avec des forces uniquement composées de soldats sous contrat, en particulier parce qu'ils prennent part aux opérations offensives", a expliqué le chef du Kremlin.

"Le ministère de la Défense était parti sur un chiffre moins élevé que 300.000 hommes", a-t-il dit. "Rien d'autre n'est prévu. Aucune autre proposition n'a été reçue du ministère à cet égard et ce n'est pas nécessaire dans un avenir proche."

L'opération de mobilisation a été critiquée jusque dans les rangs de certains alliés ultranationalistes du Kremlin et a incité des milliers de Russes à quitter le pays pour éviter d'être appelés sous les drapeaux.

S'agissant des frappes de missiles, Vladimir Poutine a déclaré ne pas en voir "la nécessité pour l'instant". "A l'avenir, nous verrons", a-t-il ajouté. "Nous ne nous fixons pas pour but de détruire l'Ukraine, bien sûr que non", a-t-il dit.

Vladimir Poutine avait annoncé dimanche dans une intervention télévisée avoir ordonné une série "massive" de frappes de missiles à longue portée ciblant des infrastructures stratégiques ukrainiennes en réponse à ce qu'il a qualifié d'attaques terroristes ukrainiennes, citant l'explosion sur le pont de Crimée, qui n'a pas été revendiquée.

UNE DÉCISION "DÉPLAISANTE"

L'opération, d'une ampleur sans précédent depuis le début de la guerre en Ukraine il y a près de huit mois, a fait plusieurs dizaines de morts et privé d'électricité de nombreuses régions d'Ukraine, selon les autorités de Kyiv.

Face aux préoccupations, légitimes selon lui, de partenaires de la Russie comme l'Inde ou la Chine, Vladimir Poutine a dit ne pas regretter sa décision, certes "déplaisante", d'envahir l'Ukraine.

Le président russe a également réitéré la position du Kremlin selon laquelle Moscou est prêt à des discussions pour mettre un terme à son "opération spéciale", dans le cadre d'une médiation internationale, et à la condition évidente que l'Ukraine soit disposée à y participer.

Il a dit en revanche ne pas voir la nécessité d'"une plate-forme de négociations" avec son homologue américain Joe Biden.

Alors que, sur le terrain, l'Ukraine poursuit ses contre-offensives, le président biélorusse Alexandre Loukachenko, proche allié de Moscou, a placé vendredi son pays en état d'alerte renforcée au terrorisme, en raison de tensions frontalières, Minsk accusant l'Ukraine de vouloir l'attaquer, des affirmations démenties par Kyiv.

Les forces ukrainiennes concentrent actuellement leurs efforts sur la région de Kherson, dans le sud du pays, que Moscou a annexée à la fin septembre, une décision condamnée par la communauté internationale.

Selon l'agence russe Tass, des habitants évacués de la région devraient arriver ce vendredi en Russie.

L'Ukraine a déclaré vendredi que ses forces armées avaient repris au cours du mois écoulé 600 localités, dont 75 dans la région de Kherson et 43 dans celle de Donetsk, dans l'est du pays. (Bureaux de Reuters, version française Jean-Stéphane Brosse)