Washington (awp/afp) - Le nombre de chômeurs indemnisés aux Etats-Unis a baissé pour la première fois depuis le début de la crise du Covid-19, mais reste à un niveau historiquement élevé alors que la première économie mondiale a été mise à genoux par la pandémie.

Plus de 21 millions d'Américains ont touché une allocation chômage au cours de la semaine du 10 au 16 mai, selon les chiffres publiés jeudi par le département du Travail.

Le niveau avait atteint un plus haut historique la semaine précédente, avec 24,9 millions de personnes. Pour comparaison, le niveau d'avant la pandémie tournait autour de 1,7 million.

Ce recul est une "grande surprise" et "suggère que la réouverture des États pousse les entreprises à réembaucher certaines des personnes qui avaient été licenciées lorsque le virus a frappé", selon Ian Shepherdson de Pantheon Macroeconomics.

Les entreprises, commerces et restaurants reprennent progressivement leur activité dans le pays, où la barre des 100.000 morts a été franchie lundi.

Les casinos de Las Vegas pourront rouvrir la semaine prochaine, un symbole après dix semaines de fermeture. La capitale fédérale Washington D.C. va elle aussi entamer vendredi la première phase de déconfinement.

Le président Donald Trump veut hâter le redémarrage de l'économie dans tous les Etats du pays. C'est un enjeu majeur pour le locataire de la Maison Blanche qui brigue un second mandat lors de l'élection de novembre. L'économie est considérée comme un élément décisif dans le choix des électeurs.

Lent redressement

L'économie américaine semble ainsi entamer un lent redressement, après avoir touché en avril ce qui pourrait être le fond.

Les mesures de confinement ont été massivement mises en place aux Etats-Unis à partir de mi-mars. En deux mois, ce sont plus de 41 millions d'Américains qui ont pointé au chômage.

La différence entre les 21 millions de chômeurs aujourd'hui indemnisés et les 41 millions de personnes qui ont fait une demande d'allocation depuis mi-mars, s'explique notamment par le fait que certains ne peuvent pas toucher le chômage, tandis que d'autres ont retrouvé leur emploi, ou un nouvel emploi.

Par ailleurs, les droits au chômage avaient été étendus par l'administration Trump et le Congrès lors de l'adoption fin mars du plan de relance de l'économie.

Ainsi, les personnes qui ne peuvent travailler car elles sont atteintes du Covid-19 ou ont dû se placer en quarantaine, ont pu toucher une allocation pendant quelques semaines, avant de retourner travailler.

Les nouveaux demandeurs d'allocation sont un peu moins nombreux chaque semaine, depuis le record historique de 6,8 millions de demandes enregistré pendant la dernière semaine de mars.

Un peu plus de 2,12 millions de personnes ont ainsi pointé au chômage pour la première fois au cours de la semaine du 17 au 23 mai.

Malgré ce niveau de chômage jamais vu depuis la Grande dépression des années 30, une enquête réalisée par la Réserve fédérale a récemment montré que les entreprises peinent à ramener leurs employés au travail ou à recruter.

Ce paradoxe s'explique par plusieurs raisons: certains employés craignent pour leur santé, d'autres doivent s'occuper de leurs enfants, les crèches et écoles étant souvent fermées. Et pour beaucoup, il est plus intéressant de toucher l'allocation chômage, temporairement très généreuse, qu'un salaire.

Chute en avril

Les indicateurs économiques du mois d'avril continuent de montrer l'ampleur de la crise rencontrée par l'économie américaine.

Ainsi, les commandes de biens durables ont chuté de 17,2%, une baisse très importante pour le deuxième mois d'affilée, selon les données du département du Commerce, publiées jeudi.

Les commandes ont particulièrement chuté dans les transports: celles de voitures, avions, et autres ont quasiment diminué de moitié (-47,3%).

Quant aux promesses de ventes de logement, la baisse est de 21,8%, a indiqué la Fédération nationale des agents immobiliers (NAR).

Au premier trimestre, le PIB de la première économie mondiale a baissé de 5%, selon la seconde estimation du département du Commerce, elle aussi publiée jeudi. C'est une baisse un peu plus importante que les 4,8% initialement annoncés.

afp/rp