Washington (awp/afp) - Les consommateurs américains n'en finissent plus de voir les prix grimper, et le mois de mars, premier à être pleinement touché par les répercussions de la guerre en Ukraine sur l'énergie notamment, devrait voir l'inflation atteindre un nouveau plus haut.

L'indice CPI de l'inflation, qui sera publié mardi, est attendu à 8,4% par certains économistes, une nouvelle accélération par rapport aux 7,9% du mois de février, qui était déjà la mesure la plus élevée depuis 40 ans.

La guerre en Ukraine n'avait pourtant commencé qu'à la toute fin du mois. Mars, en revanche, sera entièrement concerné par l'effet du conflit.

La Maison Blanche a pris les devants, avertissant dès lundi que l'inflation serait "extraordinairement élevée".

L'exécutif américain a annoncé mardi une série d'initiatives visant à augmenter l'utilisation et la production de biocarburant, dans l'espoir de faire baisser les prix à la pompe.

Car après avoir déjà annoncé des prélèvements historiques dans les réserves stratégiques de pétrole des Etats-Unis, le président Joe Biden se retrouve à court de leviers pour enrayer ce que la Maison Blanche appelle invariablement "l'effet Poutine" sur l'inflation, dans une tentative jusqu'ici peu fructueuse d'atténuer le coût politique pour le démocrate.

Ainsi le E15, carburant qui incorpore 15% d'éthanol, pourra-t-il être vendu cet été, alors que sa distribution est normalement interdite pendant cette saison. La Maison Blanche va aussi libérer des fonds pour les infrastructures de production de biocarburant et pour encourager le développement de biocarburant pour l'aviation.

Joe Biden espère faire d'une pierre plusieurs coups: faire baisser les prix à la pompe, donner des gages sur l'environnement ainsi que sur l'indépendance énergétique, et marquer quelques points auprès d'une Amérique rurale qui généralement ne le porte pas dans son coeur.

Le démocrate, qui fera face en novembre à des élections législatives difficiles, se rend d'ailleurs mardi sur un site de fabrication de biocarburant dans l'Iowa, Etat rural du Midwest considéré comme hautement stratégique sur le plan politique, et qui avait majoritairement voté pour le républicain Donald Trump en 2020.

Pic en mars ?

"L'invasion russe de l'Ukraine a réellement ajouté des risques" pour l'inflation, via notamment "l'énergie, l'alimentation et aussi les risques élevés que les goulets d'étranglement d'approvisionnement persistent plus longtemps", a indiqué à l'AFP Pooja Sriram, économiste pour Barclays.

Les prix des voitures d'occasion, en revanche, qui ont flambé depuis plus d'un an, et ont représenté l'un des moteurs de l'inflation, devraient se modérer.

Sur un mois seulement, l'inflation est attendue à 1,2%, contre 0,8% en février. L'inflation sous-jacente, en revanche, qui exclut les prix de l'énergie et de l'alimentation - ceux-là même qui ont flambé à cause du cause du conflit en Europe - devrait être stable, à 0,5%.

Certains économistes ne voient pas l'inflation ralentir avant plusieurs mois.

D'autres en revanche, anticipent un début de ralentissement dès avril: mars "sera le pic, car une séquence de fortes hausses au printemps et au début de l'été l'année dernière crée un effet de comparaison extrêmement favorable", relève ainsi Ian Shepherdson, économiste pour Pantheon Macroeconomics, qui table sur un ralentissement à 6% d'ici juillet, puis à 3% d'ici janvier 2023.

L'indice CPI est celui sur lequel sont indexées, notamment, les retraites. La banque centrale américaine (Fed) privilégie un autre indice, le PCE, qui s'est élevé à 6,4% sur un an en février.

Pour y faire face, elle a commencé mi-mars à relever ses taux directeurs, ce qui accroît le coût du crédit et doit donc ralentir la consommation et l'investissement pour alléger la pression sur les prix. Les taux, qui se trouvaient dans une fourchette de 0 à 0,25%, sont désormais compris entre 0,25 et 0,50%. Et l'institution a averti qu'elle allait continuer à resserrer sa politique monétaire dans les mois à venir.

afp/buc