NEW YORK, 20 novembre (Reuters) - Donald Trump a exigé samedi des excuses de la part des acteurs d'une comédie musicale à l'affiche à Broadway pour avoir interpellé son vice-président Mike Pence au moment où celui-ci quittait la salle à la fin de la représentation.

Ce spectacle à succès, "Hamilton", raconte l'ascension sociale d'Alexander Hamilton, un immigrant pauvre devenu le premier secrétaire au Trésor des Etats-Unis sous la présidence de George Washington. Les pères fondateurs des Etats-Unis, qui étaient tous blancs, sont joués par des acteurs noirs et hispaniques.

Déjà, à son arrivée vendredi soir dans la salle du théâtre Richard Rogers à New York pour la représentation, le vice-président avait reçu un accueil mitigé, les acclamations le disputant aux huées.

Après la représentation, l'acteur Brandon Victor Dixon, qui joue le rôle du troisième vice-président des Etats-Unis, Aaron Burr, a lu une déclaration visant Mike Pence avec à ses côtés toute l'équipe en costume.

"Monsieur, nous sommes l'Amérique dans sa diversité qui craint que notre nouveau gouvernement ne nous protège pas, nous, notre planète, nos enfants, nos parents, ni ne nous défende et maintienne nos droits inaliénables", a déclaré l'acteur.

"Nous espérons sincèrement que ce spectacle vous a incité à maintenir nos valeurs américaines et à travailler pour le compte de tous", a-t-il ajouté sous les applaudissements de la salle.

Cette harangue a été prononcée alors que Mike Pence était déjà en train de quitter la salle, comme le montrent les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux.

Donald Trump a vivement réagi samedi, interrompant un instant ses consultations pour son futur gouvernement.

HARCELÉE

"Le théâtre doit toujours être un lieu sûr et particulier. La troupe d'Hamilton a été très grossière hier soir envers un homme très bon, Mike Pence. Veuillez vous excuser !", a lancé Trump sur Twitter. "Notre merveilleux futur vice-président Mike Pence a été harcelé hier soir au théâtre par la troupe d'Hamilton sous le feu des caméras. Cela ne doit pas arriver!"

La réaction de Trump a déclenché des réponses en rafale sur Twitter, pour la plupart critiques à l'encontre du futur président.

Les acteurs d'Hamilton exercent leur droit à la liberté d'expression, estime Anthony Romero, directeur exécutif de l'American Civil Liberties Union (Aclu).

"Les excuses devraient plutôt venir du président élu Trump pour avoir remis en question l'opportunité des déclarations de la troupe d'Hamilton", déclare Anthony Romero dans un communiqué.

L'ancien président de la Chambre des représentants Newt Gingrich, qui a soutenu Donald Trump pendant la campagne présidentielle, a critiqué l'action de la troupe sur Twitter

"L'arrogance et l'hostilité de la troupe d'Hamilton envers le vice-président élu (...) rappelle que la gauche continue à lutter", écrit Newt Gingrich, qui pourrait entrer au gouvernement de Trump. (Brendan O'Brien à Milwaukee, Timothy McLaughlin à Chicago et Alex Dobuzinskis à Los Angeles; Danielle Rouquié pour le service français)