par Susan Heavey

WASHINGTON, 25 novembre (Reuters) - Jill Stein, candidate écologiste à l'élection présidentielle du 8 novembre aux Etats-Unis, a expliqué vendredi que sa campagne pour obtenir un recompte des voix dans plusieurs Etats ne visait pas à remettre en cause la légitimité de l'élection de Donald Trump mais à vérifier l'intégrité des procédures de comptabilisation du vote.

"Cette élection a été la cible de nombreux piratages informatiques", a-t-elle dit sur CNN, évoquant les intrusions électroniques dans les serveurs et ordinateurs d'organisations, dont le comité national du Parti démocrate (DNC), ou de personnalités politiques.

Dans ce contexte qui a exposé crûment les failles de la sécurité des systèmes informatiques, "de nombreux Américains s'interrogent pour savoir si les résultats de nos élections sont fiables", estimait-elle en annonçant mercredi son initiative.

L'objet d'un recompte, explique-t-elle, serait de vérifier l'exactitude de la totalisation informatisée des bulletins de vote exprimées dans trois Etats, le Wisconsin, le Michigan et la Pennsylvanie.

Certaines machines utilisées dans le Wisconsin par exemple ont été interdites en Californie après qu'il a été démontré qu'elles étaient très vulnérables à des actes de piratage ou de reprogrammation malveillante, affirme-t-elle.

L'EX-DIRECTRICE DE CAMPAGNE DE TRUMP Y VOIT DE L'IRONIE

Jill Stein, qui a réuni moins de 1% des voix exprimées au niveau national le 8 novembre, juge que ces inquiétudes doivent être levées avant que le scrutin présidentiel de 2016 ne soit certifié. "Nous méritons des élections dignes de confiance", insistait-elle en milieu de semaine.

Sur CNN, elle a précisé vendredi qu'aucun signe ne suggérait que le scrutin avait été marqué par des actes de sabotage ou plus simplement des erreurs de totalisation des votes, mais, a-t-elle ajouté, seule une révision complète dans les trois Etats concernés permettront de certifier l'exactitude de ces résultats.

Au journaliste de CNN lui demandant si elle essayait par ce biais de stopper l'investiture de Donald Trump, elle a répondu que ce n'était "absolument pas" le cas et qu'elle ne soutenait pas davantage Hillary Clinton.

Aucun commentaire n'a pu être obtenu au sein de l'équipe de transition mise en place par le président élu. En revanche, sa proche conseillère Kellyanne Conway, qui était directrice de son équipe de campagne, y a vu une certaine ironie, compte tenu des critiques qui s'étaient abattues sur son candidat lorsque, au cours de la campagne, il avait laissé entendre qu'il pourrait ne pas reconnaître le résultat de l'élection qu'il disait alors truquée.

LEVÉE DE FONDS

La militante écologiste et ses partisans ont jusqu'à ce vendredi pour demander un recompte des voix dans le Wisconsin. La date butoir pour la Pennsylvanie est fixée à lundi. Pour le Michigan, elle devra déposer une requête mercredi prochain au plus tard.

Des représentants du parti écologiste dans le Wisconsin ont annoncé qu'ils allaient déposer leur demande dans la journée devant la Commission des élections.

Depuis le lancement de l'initiative, selon Jill Stein, l'opération de financement participatif a permis de récolter plus de 5 millions de dollars. Le Green Party dit vouloir lever au total 7 millions de dollars pour financer la démarche, y compris les frais juridiques. Si l'initiative échoue, les fonds collectés financeront une campagne en faveur d'une réforme du système électoral.

Même si Trump s'est imposé de peu dans les trois Etats visés, son avance semble suffisamment importante pour qu'un éventuel recompte des voix ne remette pas sa victoire en cause. Le républicain a battu Clinton de 70.010 voix en Pennsylvanie, de 10.704 voix dans le Michigan et de 27.257 voix dans le Wisconsin.

Dans le système électoral américain, le président n'est pas élu directement par les Américains, mais par un Collège électoral dont les 538 grands électeurs sont désignés Etat par Etat. Hormis le Nebraska et le Maine, le candidat arrivé en tête dans un Etat remporte la totalité des grands électeurs en jeu.

A ce stade, et alors que les résultats du Michigan n'ont pas encore été officialisés, Trump s'est assuré au moins 290 grands électeurs, largement au-dessus de la majorité (270).

En revanche, pour ce qui est de la totalisation des voix exprimées au niveau national, c'est Clinton qui arrive en tête, avec plus de deux millions de voix d'avance (les résultats ne sont pas encore définitifs).

Les grands électeurs se réuniront le 19 décembre. Trump sera investi le 20 janvier.

VOIR AUSSI

Le TABLEAU des résultats de l'élection:

LE POINT sur la victoire de Donald Trump (avec Brendan O'Brien et Frank McGurty à New York; Henri-Pierre André pour le service français)