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PARIS, 9 avril (Reuters) - Contrarié dans sa volonté de réformes européennes et avide de victoire aux élections européennes de 2019, Emmanuel Macron poursuit sa campagne de séduction des dirigeants européens, en stigmatisant ceux qui se sont selon lui "déjà résignés".

Le président français essaye depuis son élection de nouer des liens personnels avec les chefs d'Etat et de gouvernement européens - pour porter des projets communs comme la feuille de route de réformes qu'il compte écrire avec l'Allemagne d'ici juin, trouver des compromis comme sur les travailleurs détachés ou assumer le rapport de force, avec la Pologne en particulier.

Elu en promettant de transformer l'Europe à l'issue d'un duel avec Marine Le Pen, Emmanuel Macron veut dans le même temps bousculer les équilibres lors du scrutin de mai 2019, en imposant l'idée d'une fracture progressistes-conservateurs qui traverserait les grands partis européens, devenus selon lui des clubs dépassés comme le seraient le PS et LR en France.

"Je suis déterminé à refuser toute logique de blocs en Europe", a-t-il dit lundi aux côtés de "(s)es amis" présidents de Lituanie, Lettonie et d'Estonie, à propos de supposées Europe du Nord, du Sud de l'Est et de l'Ouest.

"J'ai considéré depuis le début de mon mandat que ces lignes de fracture – comme d'autres - étaient dépassées ou à dépasser", a-t-il ajouté. "Il y a ceux qui ont une volonté européenne, une ambition européenne, ceux qui ne veulent pas faire bégayer l'histoire, et ceux qui sont déjà résignés."

Emmanuel Macron avait critiqué lundi matin les dirigeants "qui se nourrissent de l'angoisse", sans explicitement évoquer la victoire du parti Fidesz de Viktor Orban, tenant d'une ligne dure sur l'immigration, aux élections législatives en Hongrie.

"Nous n'avons pas le droit de nous habituer à cette Europe dans laquelle nous vivons (...) comme si elle n'était pas justement le fruit de ce que nous avons su construire à travers le temps, comme si elle n'était pas le fruit de ce sang versé", a-t-il dit en rendant hommage aux soldats portugais tués en France pendant la Première Guerre mondiale, avec le président et le Premier ministre portugais.

"Ceux qui pensent aujourd'hui qu'on pourrait faire bégayer notre histoire en recréant au sein de notre Europe les tensions, le nationalisme, le drame, ont une bien triste mémoire de ce sang qui a coulé", a-t-il ajouté.

"Au moment où l'Europe doute d'elle-même, au moment où certains de ses peuples expriment leur peur de l’avenir en remettant leur sort entre les mains de dirigeants qui se nourrissent de l’angoisse, ce sont ces accomplissements qu’il faut rappeler, qu’il faut saluer, qu’il faut poursuivre", a-t-il encore déclaré.

Emmanuel Macron recevra mercredi le président du groupe Alliance des démocrates et des libéraux pour l'Europe (ADLE) au Parlement européen, Guy Verhofstadt, et le président du groupe du Parti populaire européen (PPE), Manfred Weber, vendredi.

Il s'exprimera le 17 avril devant le Parlement européen à Strasbourg et lancera le même jour le volet français des consultations citoyennes sur l'avenir de l'Europe qu'il a voulu voir organiser dans toute l'Union avant les européennes. (Jean-Baptiste Vey à Paris, édité par Yves Clarisse)