Istanbul (awp/afp) - La Banque centrale de Turquie a maintenu jeudi pour le quatrième mois consécutif son principal taux directeur à 14%, afin de tenter d'endiguer une inflation en pleine accélération, poussée par la chute de la livre turque et la guerre en Ukraine.

Le président Recep Tayyip Erdogan, qui estime à rebours des théories économiques classiques que les taux d'intérêt élevés favorisent l'inflation, avait contraint la banque centrale a abaisser son taux directeur de 19% à 14% entre septembre et décembre, entraînant un effondrement de la monnaie nationale.

La livre turque a ainsi vu sa valeur fondre de 44% face au dollar en 2021, faisant s'envoler l'inflation à 61,1% sur un an en mars, au plus haut depuis l'arrivée au pouvoir en 2002 du Parti de la justice et du développement (AKP) du président Erdogan.

La monnaie a encore perdu près de 9% face au billet vert depuis le 1er janvier dernier.

"Le processus de désinflation commencera avec le retour à un environnement de paix dans le monde", estime la banque centrale turque dans un communiqué.

Malgré les promesses du gouvernement de calmer l'inflation, la guerre en Ukraine fait craindre de nouvelles hausses de prix, la Turquie étant à la fois un grand importateur de blé russe et ukrainien, et très dépendante de la Russie pour son approvisionnement en gaz.

Pour Jason Tuvey, du cabinet londonien Capital Economics, "l'inflation risque de croître encore un peu dans les mois prochains (en Turquie) sous l'effet d'une hausse des prix des matières premières et d'une nouvelle hausse des tarifs de l'énergie".

Dans ce contexte, le président Erdogan a annoncé début février une baisse de la TVA de 8 à 1% sur les produits alimentaires de base, puis une baisse fin mars de la TVA de 18% à 8% sur les produits d'hygiène et la restauration.

Le chef de l'État, au pouvoir depuis dix-neuf ans comme Premier ministre puis comme président, espère être réélu lors de la prochaine élection présidentielle, prévue en juin 2023.

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