Istanbul (awp/afp) - La hausse des prix à la consommation en Turquie a atteint 48,69% sur un an en janvier, un chiffre au plus haut depuis avril 2002 dû à l'effondrement de la livre turque en 2021, selon les chiffres officiels publiés jeudi.

En décembre, la hausse des prix à la consommation avait atteint 36,08% en glissement annuel.

L'inflation est devenue un sujet brûlant en Turquie à moins de dix-huit mois de la prochaine élection présidentielle, l'opposition et certains économistes turcs et étrangers accusant l'Office national des statistiques (Tüik) de sous-estimer de plus de moitié son ampleur.

Cette défiance a été renforcée par une décision récente du président Recep Tayyip Erdogan, qui a limogé la semaine dernière le directeur du Tuïk, un cinquième remplacement depuis 2019.

Le chef de l'État, accusé d'avoir encouragé la hausse des prix en poussant la banque centrale turque à abaisser presque systématiquement ses taux d'intérêt ces derniers mois, a promis en janvier de "ramener l'inflation à un chiffre le plus vite possible".

Pour justifier sa politique de "taux bas", M. Erdogan a avancé à plusieurs reprises les préceptes de l'islam, qui interdit l'usure.

À rebours des théories économiques classiques, le président turc estime que les taux d'intérêts élevés favorisent l'inflation.

Mais sa politique monétaire et le manque d'indépendance de la banque centrale - dont M. Erdogan a limogé trois gouverneurs depuis 2019 - n'ont fait que précipiter la chute de la monnaie nationale (-44% face au dollar en 2021), entraînant une hausse spectaculaire des prix.

Les Turcs vont devoir "porter le fardeau" de l'inflation encore "quelque temps", a prévenu lundi le chef de l'État, affirmant toutefois qu'"avec l'aide de Dieu nous sommes entrés dans une période où chaque mois sera meilleur que le précédent".

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