WASHINGTON, 25 janvier (Reuters) - Donald Trump devrait signer sous peu un décret présidentiel permettant à la CIA d'utiliser à nouveau des prisons secrètes en territoire étranger pour y interroger des terroristes "d'envergure", a-t-on appris de sources proches du dossier.

Le décret ordonnerait le lancement d'une étude qui viendrait dire au président s'il doit "relancer le programme d'interrogatoires de terroristes étrangers d'envergure", et si la CIA doit gérer ces sites, selon la copie d'un projet dont le Washington Post, premier média à révéler l'information, a eu connaissance.

Selon les deux sources de Reuters, qui s'exprimaient sous le sceau de l'anonymat, Donald Trump devrait signer dans les jours à venir un décret présidentiel intitulé "Détention et interrogatoire de combattants ennemis".

La réouverture de ces sites pourrait toutefois se heurter à l'opposition du Congrès, mais également à celle de la communauté du renseignement et de certains officiers, hostiles à ces pratiques.

Le décret permettrait également aux agents américains de recourir à des techniques d'interrogatoires, de maintenir ouvert le centre de détention de Guantanamo et d'interdire au Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de rendre visite aux détenus.

Ces mesures priveraient d'effet les deux décrets présidentiels signés par Barack Obama qui avait ordonné la fermeture du centre de détention de Guantanamo, celle des "sites noirs" de la CIA, et autorisé le CICR à rendre visite à tous les détenus incarcérés par les Etats-Unis. Il a également interdit le recours à certaines méthodes d'interrogatoires.

La CIA pouvait jusqu'alors recourir aux simulations de noyade, un mode opératoire assimilé à de la torture et qu'une commission du Sénat a jugé inopérant.

L'ONG Human Rights Watch (HRW) a condamné la tentation du recours à la torture et celle de la réouverture de "site noirs".

"La dernière fois, ces sites étaient parfois installés dans des démocraties, Pologne, Lettonie, Roumanie", mais aussi "au Maroc, en Egypte, en Jordanie, en Thaïlande et en Afghanistan", souligne Kenneth Roth, directeur de HRW, qui réclame une intervention du Congrès pour bloquer les projets présidentiels.

"J'espère que, cette fois, tous ces gouvernements (...) diront 'non', qu'ils ne se rendront pas complices d'un nouveau programme américain de torture." (Mark Hosenball, Jonathan Landay, avec Stephanie Nebehay à Genève, Nicolas Delame pour le service français)