(Actualisé avec nouvelles citations de Trump, et Lieberman)

par Doina Chiacu et Susan Heavey

WASHINGTON, 18 mai (Reuters) - Donald Trump a dénoncé jeudi la désignation d'un procureur spécial chargé d'enquêter sur les liens entre son entourage et la Russie, la présentant comme la "plus grande chasse aux sorcières" de l'histoire des Etats-Unis.

Il a fait ce commentaire sur Twitter quelques heures après avoir plaidé en faveur d'une enquête approfondie.

Devant l'intensification des pressions à Washington, le ministère de la Justice a désigné mercredi l'ancien directeur du FBI Robert Mueller comme procureur spécial pour enquêter sur les soupçons de collusion entre la Russie et l'équipe de campagne de Donald Trump.

Dans un communiqué diffusé peu après, la Maison blanche disait souhaiter une enquête minutieuse qui montrera "ce que nous savons déjà : il n'y a eu aucune collusion entre ma campagne et une quelconque entité étrangère".

Mais, dans une série de tweets jeudi matin, Donald Trump n'a pas caché son agacement devant cette nouvelle épreuve.

"Malgré tous ces actes illégaux commis lors de la campagne de Clinton et par l'administration Obama, jamais un procureur spécial n'a été désigné", a-t-il écrit.

"Il s'agit de la plus grande chasse aux sorcières dirigée contre un responsable politique dans l'histoire de l'Amérique !", a-t-il ajouté.

Un peu plus tard, il a déclaré à des journalistes de télévision à la Maison blanche que la nomination de Robert Mueller comme procureur spécial était une "chose très très négative". "Je trouve que cela nuit terriblement à notre pays, parce que ça montre que nous sommes un pays divisé, désuni".

Et il a affirmé ne pas avoir demandé à James Comey, lorsqu'il était directeur du FBI, de mettre fin à l'enquête sur Michael Flynn, son ex-conseiller à la sécurité nationale, concernant ses contacts avec la Russie.

Donald Trump a indiqué qu'il allait annoncer sous peu le nom du successeur de James Comey, qu'il a limogé, et que l'ex-sénateur démocrate Joe Lieberman figurait parmi ses favoris pour diriger le FBI.

COLLUSION OU PAS

La désignation de Robert Mueller comme procureur spécial chargé d'enquêter sur les liens de l'équipe de campagne de Trump avec la Russie a été saluée par des parlementaires de l'opposition démocrate mais aussi par des élus de la majorité républicaine.

Pour Charlie Dent, représentant républicain de Pennsylvanie, la question n'est pas de savoir si la Russie s'est immiscée dans la campagne mais d'établir l'existence ou non d'une collusion entre Moscou et l'équipe de campagne de Donald Trump.

"J'espère vraiment que ce n'a pas été le cas, mais si c'était avéré, les conséquences seraient graves", a-t-il déclaré à la chaîne de télévision CNN.

Son collègue Carlos Curbelo, républicain de Floride, a lui aussi prévenu que si des irrégularités étaient découvertes, la responsabilité de leurs auteurs serait engagée.

Peu de temps avant la série de tweets de Donald Trump, le sénateur démocrate Joe Manchin s'était félicité de la désignation d'un procureur spécial. "Je ne suis pas dans une chasse aux sorcières. Je m'inscris dans une mission visant à établir des faits", a-t-il déclaré à CNN. Sa collègue Amy Kiobuchar a été plus concise, parlant de "chasse à la vérité".

Les mesures prises par Donald Trump, notamment le limogeage de James Comey le 9 mai, ses messages provocateurs "incessants" sur Twitter, lui ont fait plus de mal que n'importe quel ennemi, a estimé un autre sénateur démocrate, Dick Durbin. "Ce président ne peut blâmer personne d'autre que lui-même pour le pétrin dans lequel il s'est mis", a-t-il dit.

S'agissant de James Comey et de ce que le président Trump lui aurait dit lors d'une conversation privée dans le Bureau ovale, le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer, a estimé que l'ancien patron du FBI devrait répondre aux invitations à témoigner devant plusieurs commissions, en dépit de la nomination d'un procureur spécial. (Nicolas Delame, Gilles Trequesser et Eric Faye pour le service français)