Le transport aérien devra affronter cette année le plus grand désastre financier de son histoire. Le trafic mondial, qui a chuté à nouveau à l'automne, retrouvera cette année son niveau de 2003 (1,8 milliard de passagers). Il atteignait 4,5 milliards en 2019.

Malgré l'arrivée des premiers vaccins et la généralisation des tests Covid, qui devraient permettre la réouverture des frontières, l'association du transport aérien international (IATA) estime que le trafic de passagers ne devrait pas retrouver avant 2024 son niveau d'avant la crise.
Désastre financier
L'IATA chiffre à 118,5 milliards de dollars en 2020 les pertes cumulées des quelque 290 compagnies aériennes internationales. Ces pertes représentent davantage que durant toutes les précédentes crises cumulées depuis la fin de la Seconde guerre mondiale Le chiffre d'affaires de 328 milliards sera en chute de 60% cette année. Les pertes du secteur devraient encore atteindre 38,7 milliards en 2021. L'an prochain le chiffre d'affaires devrait être encore inférieur de 50 % à celui de 2019 (838 milliards de dollars). Le niveau médian de trésorerie, établi par les données de l'association, est particulièrement préoccupant. S'établissant à 8,5 mois, il permettrait aux compagnies aériennes de tenir jusqu'à l'été 2021, en tenant compte du rythme de consommation de cash de 13 milliards de dollars en octobre et d'un niveau autour de 6,8 milliards par mois au premier semestre 2021.
Distorsions selon les compagnies
42 % de la flotte européenne est détenue par des compagnies régionales ou intra-européennes qui possèdent moins de cinquante appareils. Or l'avenir de ces acteurs de taille modeste, rarement aidées par les États, est très sombre. Ainsi, il y a quelques mois la compagnie régionale britannique Flybe, déjà en difficultés financières, a stoppé son activité. Sur le plan mondial, la fragilisation de certains acteurs devrait accélérer le mouvement de consolidation. Ainsi la compagnie coréenne Korean Air, la première du pays, va reprendre sa rivale et compatriote Asiana Airlines, pour 1,4 milliard d'euros. Les compagnies low-costs sont les plus résilientes car elles ont pu compresser leurs charges. Entrant dans la crise avec un bilan solide, elles sont parvenues à baisser de 20 à 30 % leur base de coûts.