Soutenue par une économie américaine solide qui crée encore des emplois à un rythme qui fait l'unanimité, la Réserve fédérale a intensifié sa lutte contre l'inflation en relevant les taux d'intérêt beaucoup plus rapidement que la plupart de ses homologues. Cela a aidé le dollar à réaliser l'une de ses meilleures performances depuis au moins une décennie.

L'indice du dollar, en hausse d'environ 15 % sur l'année, a atteint mardi un nouveau sommet de deux décennies à 110,55.

Comme la plupart des résultats tels que les différentiels de taux d'intérêt plus élevés et les mouvements des valeurs refuges devraient favoriser le dollar, la devise devrait rester forte plus longtemps.

"Le dollar, d'ici au moins la fin de l'année, restera plus fort dans tous les domaines", a déclaré Roberto Mialich, stratège en devises chez UniCredit.

"Dans la conjoncture actuelle, la Fed, en se concentrant davantage sur la croissance économique que sur l'inflation, serait probablement la seule raison pour laquelle le dollar pourrait changer sa tendance actuelle... le dollar pourrait également bénéficier de son statut de valeur refuge."

Mais au-delà de 2022, on s'attend à ce que le dollar abandonne une partie de ses gains depuis le début de l'année, selon un sondage réalisé par Reuters du 1er au 6 septembre auprès de 70 stratèges de change.

Toutefois, les gains prévus pour les autres devises ne suffiront pas à compenser leurs pertes actuelles depuis le début de l'année.

Alors que le dollar a dominé presque toutes les devises suivies par les analystes et les traders, il s'est particulièrement bien comporté face à l'euro, au yen japonais et à la livre sterling.

Ces trois devises ont touché leurs plus bas niveaux depuis plusieurs décennies ou étaient sur le point de le faire.

L'euro, déjà en baisse de 13 % sur l'année, a atteint lundi son plus bas niveau depuis deux décennies, à 0,9876 $, alors que la perspective d'un hiver sans gaz russe se faisait sentir.

On s'attend à ce qu'il s'échange en dessous de la parité au cours des trois prochains mois, ce qui suggère que la hausse de 75 points de base du taux de la Banque centrale européenne prévue pour sa réunion de jeudi ne fera pas grand-chose pour inverser la tendance de l'euro. [ECILT/EU]

La monnaie commune devrait s'échanger autour de 1,02 $ et 1,06 $ au cours des six et douze prochains mois respectivement. S'ils se réalisent, ces gains attendus d'environ 3 à 7 % ne suffiront pas à compenser la baisse de 13 % enregistrée cette année.

Ces prévisions médianes pour les horizons d'un, trois et six mois sont les plus basses depuis près de deux décennies.

"Si la BCE opte pour une hausse de 50 points de base, nous craignons que les marchés ne considèrent qu'elle n'est pas assez engagée dans la lutte contre l'inflation... Une hausse de 75 points de base n'est pas un frontloading à notre avis, mais un rattrapage qui aurait dû être fait depuis longtemps. La BCE a encore beaucoup à faire", a déclaré Michalis Rousakis, stratège G10 FX chez Bank of America Securities.

"Pourtant, cela pourrait ne pas être suffisant pour soutenir l'EUR/USD. La communication comptera beaucoup plus, à notre avis. L'euro a besoin de déclarations fortes de (la présidente de la BCE, Christine) Lagarde, selon lesquelles la BCE fera tout ce qu'il faut pour ramener l'inflation à l'objectif."

Le yen japonais, en baisse d'environ un cinquième et la pire sous-performance parmi les majors pour l'année, devait récupérer environ la moitié de ces pertes pour s'échanger à 127,0 par dollar dans un an. La dernière fois, il se négociait autour de 142 par rapport au dollar.

La monnaie britannique en difficulté ne regagnera pas de sitôt ses pertes par rapport au dollar américain, car les fortes hausses des taux d'intérêt de la Banque d'Angleterre ne parviennent pas à compenser une récession attendue et une augmentation des dépenses publiques. [GBP/POLL]

La livre sterling, en baisse d'environ 15 % cette année, devrait osciller autour des 1,16 $ qu'elle s'échangeait mardi dans un et trois mois.

Dans six mois, la livre sera passée à 1,18 $ et dans un an à 1,23 $, selon le sondage, toujours loin des quelque 1,35 $ du début de l'année 2022.

(Pour d'autres articles du sondage Reuters de septembre sur le marché des changes :)