* La mère avait été renvoyée de la maternité Port-Royal, "saturée"

* Les parents envisagent de porter plainte

* Enquête administrative et médicale lundi (Actualisé avec plainte)

PARIS, 3 février (Reuters) - La ministre de la Santé a demandé dimanche "une enquête exceptionnelle" sur les circonstances du décès in utero d'un bébé à Paris après que la mère eut été renvoyée chez elle par le personnel de la maternité Port-Royal où son accouchement, jugé à risques, était programmé.

Le père et la mère de l'enfant, décédé vendredi dernier, ont déposé plainte dimanche contre X pour "homicide involontaire par négligence". Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire.

Marisol Touraine précise dans un communiqué avoir "demandé une enquête exceptionnelle, à la fois administrative et médicale, qui sera lancée dès lundi pour faire toute la lumière sur les circonstances de ce drame".

Selon le récit du père, rapporté par Le Parisien Dimanche, son épouse et lui-même s'étaient présentés jeudi dernier à la maternité, dans le XVe arrondissement de Paris, en vue d'un rendez-vous programmé pour déclencher l'accouchement. Le personnel leur a alors expliqué ne pouvoir les prendre en charge faute de chambre disponible.

Le couple est dirigé plusieurs heures plus tard, sur son insistance, vers les urgences de la maternité pour un examen. "Une sage-femme débordée qui courait de box en box est venue vers nous pour nous dire de rentrer chez nous. Pour elle, il n'y avait pas d'urgence", raconte le père, qui est pompier.

Le bébé décèdera le lendemain. Son corps devrait être autopsié.

"IL Y A TOUJOURS DE LA PLACE"

"La sécurité pour les mamans et leur bébé dans les maternités est pour moi une exigence absolue", souligne Marisol Touraine, disant faire "toute confiance à la direction générale de l'AP-HP et à sa commission médicale" pour mener à bien l'enquête.

Patrick Houssel, directeur des hôpitaux universitaires du groupe Paris Centre à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, dont dépend Port-Royal, a affirmé sur France Info que des lits étaient disponibles jeudi dernier à la maternité.

"Il y a toujours, toujours de la place", a-t-il déclaré. "Nous pensons qu'il y avait dans cet établissement de Port-Royal des lits et c'est ce que nous sommes en train de vérifier".

"Nous voulons savoir ce qui a amené le service d'obstétrique à renvoyer cette femme à son domicile", a-t-il poursuivi.

Patrick Houssel a indiqué que l'Assistance publique et le groupe hospitalier Cochin-Port Royal avaient mis en place le jour même un groupe de travail "pour déclencher une enquête interne".

"Il y avait les effectifs normalement requis par le tableau de service, c'est-à-dire une sage-femme, une infirmière, une aide soignante, deux internes. Nous allons vérifier que ces personnes étaient bien à leur poste", a-t-il dit.

Dominique Cabrol, patron de la maternité de Port-Royal, déclare dans Le Parisien que ses équipes sont "choquées" par ce décès.

"Quand nous avons examiné la patiente jeudi, au monitoring, le rythme était normal. Rien ne laissait présager qu'il y avait un risque", dit-il.

Il concède que son service était ce jour-là "en saturation totale". "On peut penser que si la jeune femme avait accouché comme prévu, le bébé serait vivant". (Sophie Louet)