LONDRES, 11 avril (Reuters) - Tony Blair s'est publiquement inquiété jeudi que le Parti travailliste britannique, qu'il a conduit à trois victoires électorales en 1997, 2001 et 2005, ne devienne un mouvement contestataire sans perspectives électorales.

Dans un article publié par le New Statesman, l'ex-Premier ministre travailliste, qui n'avait jamais tenu des propos aussi sévères sur le Labour depuis sa démission du 10, Downing Street, en 2007, assure que "le scénario est plus menaçant qu'il n'y paraît".

"Les principes directeurs devraient être que nous sommes des chercheurs de réponses, pas le réceptacle de la colère du peuple", ajoute-t-il.

Sans citer Ed Miliband, qui dirige désormais le Labour, il juge que le parti ne doit pas revenir sur la "troisième voie", une stratégie de recentrage dont il fut l'architecte et qui a ramené les travaillistes au pouvoir après dix-huit ans passés dans l'opposition.

Si le Labour ne s'attache plus qu'à défendre l'Etat-providence et ne fait pas montre de leadership sur des sujets difficiles, poursuit-il, la Grande-Bretagne risque de replonger dans un affrontement droite-gauche stérile.

Ses propos ont suscité l'émoi dans les rangs travaillistes, en partie parce qu'ils font écho à des critiques déjà portées à l'encontre d'Ed Miliband, qui dirige le parti depuis deux ans et demi.

Un récent sondage a certes donné au Labour 14 points d'avance sur le Parti conservateur de David Cameron dans les intentions de vote, mais certains cadres travaillistes jugent que cette avance devrait être bien plus importante compte tenu de l'impopularité de la politique d'austérité que mène l'actuel gouvernement.

Invité de la BBC, Ed Miliband a écarté les conseils de Blair.

"Je dirige à ma façon, et je pense que c'est ce qui importe le plus", a-t-il dit. "Tony Blair a toujours eu des choses importantes à dire, mais il est aussi le premier à reconnaître que les partis politiques doivent aller de l'avant, et non regarder vers le passé." (Andrew Osborn; Henri-Pierre André pour le service français)