par Cyril Altmeyer

Le fournisseur d'équipements et de services pour le cinéma, la télévision et la publicité tourne ainsi le dos à plus d'un siècle d'histoire liée au nom Thomson et doit désormais réaliser la cession d'actifs non essentiels pour se concentrer sur la création et la distribution de contenus.

"Thomson, c'est un nom qui dérange nos clients", a déclaré aux actionnaires le P-DG Frédéric Rose, faisant référence à la tumultueuse histoire du groupe et aux "mots désobligeants" de l'ancien Premier ministre Alain Juppé qui avait proposé de le vendre pour un franc symbolique en 1996.

Technicolor sera "recentré autour d'un portefeuille d'activités clair et un bilan renforcé", a-t-il ajouté.

Frédéric Rose, qui a dit souhaiter revenir à une dissociation des fonctions de président du conseil d'administration et de directeur général, a expliqué aux actionnaires que sa priorité pour 2010 serait d'améliorer le résultat opérationnel du groupe.

Le plan, approuvé par les créanciers fin décembre, permettra de réduire la dette du groupe de 45% pour la ramener à 1.550 millions, avec notamment une augmentation de capital d'environ 348 millions d'euros.

ACTIONNARIAT "TRÈS DISPERSÉ"

Le groupe procédera en outre à deux émissions d'obligations souscrites par les créanciers seniors, l'une d'environ 641 millions d'euros et l'autre d'un montant maximum de 300 millions, chacune avec des intérêts au taux annuel de 10%.

Les obligations de la seconde émission seront remboursables notamment par le produit des cessions en cours, dont le fournisseur d'équipements Grass Valley et les régies publicitaires Screenvision et PRN.

"Nous sommes en négociations", s'est borné à déclarer Frédéric Rose face aux interrogations des actionnaires sur un processus entamé début 2009.

La presse s'était faite l'écho en décembre de discussions non abouties avec l'américain Avid Technology d'une cession de Grass Valley. Le groupe n'avait pas commenté.

Dans le cadre du plan de restructuration, les actionnaires actuels de Thomson pourraient conserver jusqu'à 51% du capital de la société sur une base diluée et au minimum 15%.

Frédéric Rose a reconnu que l'actionnariat du groupe, dont l'Etat français était sorti en 2003, était "très dispersé". "L'objectif de restaurer une structure d'actionnariat variée et stable", a-t-il dit. La société s'attellera à rétablir cet équilibre en invitant des investisseurs".

Le groupe avait fait savoir début 2009 qu'un éventuel recours au Fonds stratégique d'investissement (FSI) n'interviendrait qu'une fois réglée la question de sa dette.

Le plan de restructuration prévoit le maintien d'un niveau de trésorerie de 400 millions d'euros au bilan du groupe ajusté en fonction des variations saisonnières.

Frédéric Rose a souligné que le groupe, qui compte 20.000 salariés dont 11.000 aux Etats-Unis, continuerait à investir, notamment dans les licences et les brevets, en particulier pour les technologies liées à la 3D.

Il a en revanche écarté la perspective d'acquisitions, rompant avec la stratégie de son prédécesseur Frank Dangeard qui avait racheté des sociétés à un rythme échevelé, donnant un maillage d'activités jugé désordonné par les analystes.

"Nous avons procédé à de nombreuses acquisitions et détruit beaucoup de valeur", a-t-il dit. "Je ne pense pas que nous puissions intégrer et digérer (une acquisition). La priorité pour 2010 doit être l'amélioration du résultat opérationnel".

Le groupe, qui publiera ses résultats annuels le 18 février, avait accusé au troisième trimestre 2009 une chute de 19,4% du chiffre d'affaires à taux de change constants, soit un recul de 15,4% sur son nouveau périmètre.

Frédéric Rose n'a fourni aucune indication sur l'activité du groupe au cours des derniers mois.

L'action abandonnait 3,57% à 1,0260 euro vers 14h05, donnant une capitalisation de quelque 280 millions d'euros.

Edité par Marc Joanny