Les devises monopolisent l'attention du marché avec la livre sterling à des niveaux records et la Banque du Japon qui est intervenue la semaine dernière pour acheter des yens pour la première fois depuis 1998.

Les marchés restent à l'affût de tout signe d'escalade des tensions entre la Russie et l'Occident. Et les résultats des élections en Italie, les chiffres de l'inflation dans la zone euro et les données américaines et chinoises donnent également beaucoup de matière à réflexion aux investisseurs.

Voici un aperçu de la semaine à venir sur les marchés par Kevin Buckland à Tokyo, Tom Westbrook à Sydney, Lewis Krauskopf à New York, Danilo Masoni à Milan, et Dhara Ranasinghe et Karin Strohecker à Londres. Graphismes de Vincent Flasseur, Vineet Sachdev et Pasit Kongkunakornkul.

1/ DOLLAR QUAND ?

Les autorités japonaises en ont finalement eu assez d'un yen faible et sont intervenues pour enrayer une forte baisse par rapport au dollar.

Mais cela marchera-t-il ? Le billet vert a gagné plus de 20 % sur le yen cette année, et certains doutent qu'il lui reste beaucoup de forces. Mais alors que les taux américains augmentent, ceux du Japon sont coincés juste en dessous de 0 % et il est peu probable qu'ils bougent.

Les arguments en faveur d'un dollar fort restent donc valables. Le Japon, ainsi que ses voisins, la Chine et la Corée, qui font également pression sur le dollar, pourraient se retrouver à lutter contre les fondamentaux, le marché et la Fed.

Les cambistes de Séoul soupçonnent les autorités d'avoir déjà vendu des dollars, mais le won continue de glisser. De même, le yuan chinois a atteint de nouveaux planchers, bien que la banque centrale l'ait repoussé via la bande de fluctuation. Les résultats du PMI chinois de vendredi, s'ils sont décevants, pourraient renforcer le scénario baissier.

2/ "PAS DE BLUFF".

L'ordre de mobilisation militaire du président russe Vladimir Poutine, ses menaces d'utiliser des armes nucléaires et sa volonté d'annexer des pans entiers du territoire ukrainien marquent une nouvelle étape dans ce conflit vieux de sept mois.

Ces annonces - qui coïncident avec le temps fort diplomatique de l'année qu'est la réunion de l'Assemblée générale des Nations unies - ont été condamnées dans le monde entier et ont déclenché de nouvelles manifestations en Russie, où les Russes en âge d'être incorporés se sont rendus à l'étranger pour échapper à la plus grande campagne de conscription de Moscou depuis la Seconde Guerre mondiale. La Russie qualifie ses actions en Ukraine d'"opération militaire spéciale".

La dernière escalade s'est répercutée sur les marchés : les prix du pétrole sont en forte hausse, ce qui fait planer le spectre d'une aggravation des difficultés sur le front énergétique pour l'Europe. Pendant ce temps, les ministres des affaires étrangères de l'Union européenne préparent un autre train de sanctions - leur huitième - qui pourrait être officialisé à la mi-octobre.

3/ RED HOT

L'estimation "flash" des prix à la consommation de la zone euro pour le mois de septembre est publiée vendredi et devrait montrer que l'inflation a atteint un nouveau record supérieur à 9 %.

Les investisseurs ont déjà augmenté les attentes d'une nouvelle hausse de 75 points de base des taux de la BCE en octobre, les données ne devraient donc pas modifier les perspectives de taux à court terme.

Les données ne devraient donc pas modifier les perspectives de taux à court terme. Cependant, tout signe d'élargissement des pressions sous-jacentes sur les prix pourrait faire augmenter les attentes quant à la fin des taux dans le bloc. La BCE est de plus en plus belliqueuse dans sa rhétorique et certains observateurs de la BCE disent qu'une méga hausse des taux de 100 pb ne peut être exclue dans les mois à venir. En effet, c'est ce que vient de faire la Riksbank de Suède, tout comme la Banque du Canada en juillet.

4/ en temps utiles

Le consommateur américain peut-il défier l'inflation galopante et la hausse des coûts d'emprunt ? La mesure de la confiance des consommateurs de mardi indiquera comment ce pilier clé de l'économie tient le coup.

Le mois dernier, l'indice global de confiance des consommateurs du Conference Board a rebondi à 103,2, mettant fin à trois baisses mensuelles consécutives. L'indice de ce mois-ci devrait s'établir à 104, selon un sondage Reuters.

Dans un signe positif, les données du début du mois ont montré que les ventes au détail américaines ont rebondi de manière inattendue en août, les Américains ayant augmenté leurs achats de véhicules à moteur et dîné davantage au restaurant grâce à la baisse des prix de l'essence.

Mais avec les marchés boursiers qui vacillent et les rendements obligataires qui grimpent, il reste à voir si les consommateurs restent optimistes, surtout si la Fed a l'intention de réduire l'inflation même au prix d'un fort ralentissement de la croissance.

5/ PAS DE DRAME ICI ?

Giorgia Meloni devrait devenir la première femme Premier ministre d'Italie à la tête de son gouvernement le plus à droite depuis la Seconde Guerre mondiale, après avoir mené une alliance conservatrice à la victoire lors des élections de dimanche.

Les résultats provisoires ont montré que le bloc de droite devrait avoir une forte majorité dans les deux chambres du parlement, donnant potentiellement à l'Italie une rare chance de stabilité politique après des années de bouleversements et de coalitions fragiles.

Il y avait eu peu de stress visible sur les marchés avant l'élection, car Meloni a adopté un visage favorable à l'UE, ce qui a rassuré les investisseurs.

L'écart de rendement des obligations italiennes à 10 ans par rapport à l'Allemagne s'est creusé par rapport aux creux post-pandémie, mais est loin des niveaux observés en 2018.

Cependant, Meloni et ses alliés sont confrontés à une liste impressionnante de défis, notamment la flambée des prix de l'énergie, l'impact de la guerre en Ukraine et un nouveau ralentissement de la troisième plus grande économie de la zone euro.