Bellinzone (awp/ats) - Dieter Behring n'obtiendra pas le renvoi de son procès. Le Tribunal pénal fédéral (TPF) a rejeté la demande de l'ex-financier dont la débâcle avait lésé plus de 2000 investisseurs, causant des pertes de 800 millions de francs suisses.

Son avocat avait mis en cause la stratégie du Ministère public de la Confédération (MPC) de focaliser le procès sur Dieter Behring et de mettre hors de cause neuf autres personnes. Les non-lieux dont ils ont bénéficié constituent selon lui un abus d'autorité systématique.

Entendu lundi par le TPF, le procureur de la Confédération Michael Lauber avait défendu cette stratégie. Il avait expliqué que des choix avaient dû être opérés en raison de l'imminence de la prescription et de la décision d'accélérer les poursuites pénales.

Le président de la Cour des affaires pénales a lui aussi défendu cette stratégie. Il a considéré qu'elle ne porte atteinte "ni au principe de dignité, ni au droit de bénéficier d'un procès équitable".

La Cour n'avait pas la compétence de contraindre le MPC à mettre en accusation neuf autres personnes, a ajouté le magistrat. Elle ne peut pas non plus contrôler après coup les ordonnances de non-lieu, a-t-il encore dit.

Après avoir également écarté d'autres griefs préliminaires, notamment quant au travail du défenseur d'office de Dieter Behring, la Cour a rejeté la demande d'ajournement du procès. Son président a déclaré qu'il y a des indices évidents attestant que l'accusé a lui-même brouillé ses rapports avec son défenseur.

Le juge a déclaré que l'acte d'accusation remplit les conditions qui permettent la tenue du procès. "Il n'est ni trop long, ni trop court", a-t-il relevé, tout en indiquant que les questions soulevées par l'avocat de choix de Dieter Behring, Me Rudolf Steiner, pourront être prises en considération dans la suite des débats.

SYSTÈME VANTÉ

Lors de son audition, Dieter Behring a vanté le système financier qu'il avait développé pour garantir à ses clients le versement d'intérêts très élevés. Il s'agissait, a-t-il déclaré, d'un système qui reposait sur une synthèse de données boursières. Il permettait une plus grande réduction des risques que les systèmes de ses concurrents sur le marché de la finance, ce que lui avaient confirmé des experts de la finance internationale.

L'accusé a également évoqué ses premières années et sa jeunesse, déclarant qu'il a eu une enfance "préservée" avant d'entamer son apprentissage à Bâle et de se lancer dans les affaires. Il a également mentionné les problèmes de santé qu'il a depuis six ans. Dieter Behring souffre notamment de problèmes cardiaques et de la maladie de Crohn.

Le procès de Dieter Behring devrait durer tout le mois. Les plaidoiries sont attendues le 22 juin. Selon l'acte d'accusation, Dieter Behring a lésé près de 2000 investisseurs entre septembre 1998 et octobre 2004. Ceux-ci ont subi des pertes estimées à plus de 800 millions de francs suisses.

ats/rp