* L'optimisme sur le front grec réveille le marché du crédit

* SG abaisse ses estimations d'émissions corporate sur le marché primaire

par Raoul Sachs

PARIS, 1er juillet (Reuters) - Le marché du crédit, paralysé depuis plusieurs semaines par la crise de la dette grecque et les tensions sur les dettes des pays périphériques de la zone euro, a repris des couleurs alors qu'une solution associant les créanciers privés semble se concrétiser pour Athènes. (voir et ) Le rendement des emprunts d'Etat grecs à 10 ans est ainsi passé de 17,0% lundi à 16,5% vendredi, et celui du cinq ans a été ramené de 20,1% à 19,4%, le mouvement ayant été analogue pour la dette souveraine des autres pays fragilisés de la zone euro.

Le retour de l'appétit pour le risque en cette fin de semaine a renvoyé le rendement du 10 ans allemand, référence de la zone, de 2,8% en début de semaine à plus de 3,0% vendredi.

Le marché primaire du crédit est sorti de sa léthargie, les émetteurs corporate profitant des rares fenêtres de tir qui ont marqué ce marché en fin de premier semestre. Ainsi, Schneider Electric (>> SCHNEIDER ELECTRIC), noté A3 par Moody's, a émis vendredi 750 millions d'euros d'obligations 3,75% juillet 2018 avec une prime (spread) de 121,7 points de base au-dessus du Bund 4,25% juillet 2018.

Jeudi, Total Infrastructures Gaz de France (groupe Total  (>> TOTAL)), noté "A3", a également profité de l'accalmie sur le front grec pour faire ses premiers pas sur le marché avec une émission de 500 millions d'euros d'obligations 4,339% 2021 à 95 points de base au-dessus des swaps.

Sur le marché secondaire, les spreads se sont resserrés sur tous les segments et, selon plusieurs professionnels, ils devraient poursuivre leur détente cette année à moins d'une rechute de la Grèce.

DEUX SEMAINES UTILES

Les émetteurs ont encore environ deux semaines utiles pour lever des fonds avant le début de la période de "black out" liée à la publication des résultats trimestriels et l'entrée dans la période estivale.

Les stratégistes de Société générale ont revu en baisse de 25% leurs prévisions d'émissions corporate non financières de la catégorie investissement (Investment grade) à 90 milliards d'euros pour 2011.

"Juillet et août vont probablement être pauvres en termes d'offre IG", écrivent-ils dans une note.

Les émissions IG ont atteint 50 milliards d'euros au premier semestre, contre 61 milliards au S1 2010 et 110 milliards pour l'ensemble de l'année dernière.

En revanche, la catégorie haut rendement (high yield), classe d'actifs vedette cette année avec les obligations sécurisées des banques bien notées, conserve du potentiel.

SG revoit en hausse à 45 milliards contre 40 milliards d'euros ses prévisions d'émissions HY.

Si la banque laisse inchangée sa prévision d'émission de dette senior des financières à 150 milliards d'euros, elle relève son estimation d'émissions d'obligations sécurisées, instrument privilégié de financement des banques en 2011 qui a rencontré un vif intérêt d'investisseurs à la recherche à la fois de sécurité et d'un rendement supérieur aux emprunts des Etats notés "AAA".

SG prévoit désormais des émissions de "covered bonds" de 190 milliards d'euros en 2011 contre 180 milliards initialement.

En revanche, elle abaisse sensiblement - de 40 milliards à 14 milliards d'euros - les émissions de dette subordonnée des banques en raison des définitions plus stricte de la notion de fonds propres durs voulus par les régulateurs dans le cadre de Bâle III. Les banques ont émis au premier semestre 9,0 milliards d'euros de dette subordonnée.

Plusieurs analystes n'excluent pas que le répit sur la zone euro aidant, le marché des Treasuries américains soient chahutés alors que les agences de notation ont menacé de revoir leur note "AAA" si le président Barack Obama ne parvient pas à convaincre l'opposition républicaine de voter un nouveau relèvement du plafond de la dette fédérale.

(Edité par Dominique Rodriguez)

Valeurs citées dans l'article : SCHNEIDER ELECTRIC, TOTAL