(Actualisé avec Mistura)

BEYROUTH, 10 janvier (Reuters) - Un important groupe de rebelles syriens a estimé qu'il était inacceptable d'engager des négociations sur une solution politique au conflit en Syrie tant que des civils mouraient de faim ou dans des bombardements.

Dans un communiqué, l'Armée de l'islam (Djaïch al islam) estime également que le meilleur moyen de contraindre Damas à un accord est de fournir à la rébellion des missiles anti-aériens.

Cette déclaration vient un peu plus jeter le doute sur les chances de succès de la médiation de l'Onu qui a prévu d'organiser des pourparlers de paix à Genève à partir du 25 janvier.

L'Armée de l'islam, qui fait partie d'un nouveau conseil chargé de superviser les négociations pour l'opposition, explique que "le meilleur moyen de contraindre le régime (syrien) à accepter une solution (politique) et à s'y tenir" est d'autoriser des Etats à soutenir l'opposition en fournissant aux insurgés des moyens de défense aérienne.

Le communiqué, transmis au cours de la nuit par un porte-parole, affirme que l'organisation s'assurerait que ces armements ne tomberaient pas aux mains de groupes qui pourraient les utiliser "illégalement".

Plusieurs gouvernements étrangers, dont ceux des Etats-Unis et de l'Arabie saoudite, fournissent un soutien matériel aux opposants de Bachar al Assad mais refusent pour l'instant de livrer des missiles anti-aériens par crainte qu'ils ne tombent aux mains de djihadistes.

DIZAINES DE CIVILS TUÉS

Le gouvernement syrien tient l'Armée de l'islam pour un groupe terroriste au même titre que tous les groupes en lutte contre le pouvoir d'Assad.

Les autorités syriennes ont indiqué samedi à l'émissaire de l'Onu, Staffan de Mistura, qui sillonne la région pour préparer les négociations de paix, qu'elles étaient prêtes s'asseoir à la table des négociations à condition de connaître le nom de tous les représentants de l'opposition qui seront présents.

Staffan de Mistura était à Téhéran dimanche et le ministre des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, l'assuré que la crise diplomatique avec l'Arabie saoudite n'aurait pas de conséquences sur la conférence de Genève, dit-il dans un communiqué. Il assure avoir obtenu les mêmes garanties de la part de Ryad.

L'Arabie saoudite a rompu dimanche dernier ses relations diplomatiques avec l'Iran après le saccage de son ambassade de Téhéran par des manifestants qui dénonçaient l'exécution d'un dignitaire chiite saoudien, le 2 janvier.

L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a par ailleurs annoncé que le bilan des victimes de frappes aériennes russes de samedi contre une ville du nord-ouest de la Syrie tenue par les rebelles, Maarat al Nouman, s'était alourdi à 81 morts, dont au moins 52 civils.

Parmi les tués figurent aussi 23 combattants du Front al Nosra, la branche syrienne d'Al Qaïda, et six autres djihadistes, selon l'OSDH, organisation proche de l'opposition et basée en Grande-Bretagne.

Les raids aériens russes ont frappé le tribunal et la prison contrôlés par le Front al Nosra ainsi que des quartiers d'habitation de Maarat al Nouman, grand centre urbain de la province d'Idleb, dont les villes sont la cible d'intenses bombardements russes depuis deux mois. (Tom Perry avec Stephanie Nebehay à Genève; Pierre Sérisier, Eric Faye et Jean-Philippe Lefief pour le service français)