par Erika Solomon

BEYROUTH, 21 juillet (Reuters) - Milices kurdes syriennes et rebelles islamistes sont parvenus dimanche à un cessez-le-feu après de durs combats qui illustrent la montée des tensions confessionnelles dans le nord du pays.

Les Kurdes ont accepté de libérer un chef islamiste proche d'Al Qaïda fait prisonnier pendant les combats, tandis que les rebelles se sont engagés en retour à remettre en liberté plusieurs centaines de Kurdes pris comme otages après la capture de leur chef.

Les affrontements, qui se sont étendus samedi à une deuxième province syrienne, sont une nouvelle preuve que le soulèvement de 2000 contre le régime de Bachar al Assad s'est mué dans une guerre de territoires qui n'ont pas vraiment de rapport avec l'éviction du président syrien.

Les nouveaux heurts se sont produits à Tel Abyad, une localité près de la frontière turque dans la province de Rakka tenue par les rebelles.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG proche de l'opposition basée à Londres, les combats ont éclaté quand des milices kurdes présentes dans la zone ont découvert des combattants d'un groupe rebelle lié à Al Qaïda qui tentait de placer des explosifs dans une de leurs bases.

Les Kurdes ont répliqué en enlevant plusieurs combattants, dont le dirigeant de ce groupe, l'Etat islamique d'Irak et du Levant, un affilié d'Al Qaïda parmi les plus puissants de ceux qui combattent en Syrie.

Alors que la majorité musulmane sunnite soutient globalement la rébellion et que les alaouites minoritaires se tiennent derrière le président Assad, qui appartient à cette branche de l'islam chiite, la minorité kurde syrienne se bat alternativement contre Assad et contre les rebelles.

COMBATS EN TERRE ALAOUITE

Les Kurdes affirment qu'ils soutiennent l'insurrection mais les rebelles les accusent de faire affaire avec le gouvernement pour assurer leur sécurité et leur autonomie.

Éparpillés entre l'Iran, la Turquie, l'Irak et la Syrie, les Kurdes sont souvent présentés comme le plus grand groupe ethnique au monde ne disposant pas de son propre Etat.

L'OSDH fait également état d'une flambée de violence entre les forces du président et les rebelles dans la province de Tartous, sur le littoral méditerranéen. La rébellion est peu répandue dans cette enclave alaouite, place forte des Assad.

Les affrontements ont éclaté près de la ville sunnite de Banias, site du massacre de dizaines de personnes il y a quelques mois quand les milices loyales à Assad ont pris le secteur d'assaut après une attaque rebelle contre leurs combattants.

Un militant du secteur explique que les forces de Bachar al Assad ont lancé l'offensive après la découverte de nouveaux rebelles dans la zone.

L'OSDH fait état d'un rassemblement des forces de sécurité et des milices loyales au président Assad à la fois près de Banias et d'une autre localité sunnite, le village de Bayda, qui a aussi été le théâtre d'un massacre juste avant Banias.

Après une série de victoires, les forces de Bachar al Assad tentent de consolider le contrôle d'une ceinture de territoires entre la capitale Damas et son fief alaouite sur la côte.

L'opposition quant à elle dit avoir fait une avancée samedi vers la ville de Khan al Assal dans le nord du pays et semble près de s'emparer d'une des dernières localités dans la partie ouest de la province d'Alep encore aux mains des forces de Bachar al Assad.

Ailleurs dans le nord de la Syrie, l'armée syrienne a procédé à des frappes aériennes pour la troisième journée consécutive sur la ville de Sarakeb dans la province d'Idlib. (Danielle Rouquié pour le service français, édité par Pascal Liétout)