* Les négociations avec le dernier groupe rebelle ont échoué

* Des raids aériens ont fait 32 morts dont 5 enfants, selon l'OSDH

* Incursion des forces gouvernementales à Douma (Ajoute déclarations Djaïch al Islam § 6-10-11)

par Tom Perry et Laila Bassam

BEYROUTH, 6 avril (Reuters) - Trente-deux personnes, dont cinq enfants, ont été tuées au cours de frappes aériennes ce vendredi sur Douma, dernier bastion tenu par les rebelles dans la Ghouta orientale, rapporte l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), alors que des troupes syriennes auraient progressé dans une zone agricole de l'agglomération.

Les bombardements semblent avoir été effectués par des avions russes, a précisé l'ONG basée à Londres qui s'appuie sur un réseau d'informateurs en Syrie.

Selon la chaîne Orient TV, proche de l'opposition, plus de 20 personnes ont été tuées dans ces bombardements.

Les troupes de la Garde républicaine syrienne ont lancé dans la journée une incursion à Douma, a annoncé la télévision publique syrienne.

Des tirs de roquettes effectués par Djaïch al Islam dans des zones résidentielles ont tué quatre personnes, a aussi affirmé la télévision officielle syrienne. Ce sont ces tirs de roquette, ajoute-t-elle, qui ont provoqué en réponse les raids aériens des forces pro-gouvernementales.

Le porte-parole militaire de Djaïch al Islam, groupe rebelle qui tient Douma, a réfuté cette version, affirmant que les tirs de roquettes avaient visé les forces gouvernementales pour répondre au "massacre perpétré par les milices de (Bachar al) Assad et les avions de leurs alliés russes" et niant avoir ciblé des zones résidentielles.

PEUR DES REPRÉSAILLES

Les discussions ouvertes entre la Russie, principal soutien du régime de Damas, et les rebelles du mouvement Djaïch al Islam ont échoué, a dit l'OSDH. Les exigences des rebelles, qui souhaiteraient rester à Douma, ont été rejetées.

La télévision officielle syrienne a imputé la responsabilité de cet échec au Djaïch al Islam, qui a refusé de relâcher des prisonniers.

"Les négociations se sont terminées sur un échec", a affirmé à Reuters un commandant des forces pro-gouvernementales. "Pour Douma, une intervention militaire est la seule solution", a-t-il ajouté.

Un représentant politique du Djaïch a assuré vouloir poursuivre les négociations avec les médiateurs russes. "Nous ne voulons pas fermer la porte à ce qui peut permettre de sauver des vies civiles et d'instaurer la paix", a dit Mohammed Alloush lors d'un entretien avec la chaîne Al Hadath.

Mais le Djaïch exclut toujours de quitter Douma, a ajouté Alloush, qui réside hors de Syrie. Cette demande a été rejetée par le gouvernement.

Les habitants de Douma veulent un accord de réconciliation qui interdit la présence des services de sécurité syriens, dont ils redoutent les représailles, précise-t-on du côté du Djaïch, qui serait formé de plusieurs milliers d'hommes.

Alors que le conflit est entré dans sa huitième année, la reconquête de Douma, située à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Damas, marquerait le succès le plus important du président Bachar al Assad depuis la reprise d'Alep-Est, fin 2016.

Plusieurs milliers de personnes, dont des combattants rebelles et des civils, ont quitté Douma ces derniers jours en direction du nord de la Syrie, selon l'OSDH.

Environ 70.000 civils vivent assiégés dans la ville.

Les forces pro-gouvernementales ont lancé le 18 février une vaste offensive, d'abord aérienne puis terrestre, dans la région de la Ghouta orientale, dont ils ont repris la majeure partie.

Plus de 1.600 personnes ont été tuées dans les bombardements, selon les services de secours et l'OSDH.

(avec Kinda Makieh à Damas, Jean Terzian pour le service français, édité par Arthur Connan et Henri-Pierre André)