GENEVE, 31 janvier (Reuters) - Mouadamiya, ville de Syrie située dans les faubourgs sud-ouest de Damas, est à nouveau assiégée par les forces gouvernementales, ce qui fait 45.000 personnes de plus privées d'aide humanitaire et médicale, annonce dimanche les Nations unies.

La résolution 2.254 adoptée le 18 décembre par le Conseil de sécurité de l'Onu demande à Damas d'autoriser l'acheminement d'aide humanitaire dans les zones assiégées. C'est également l'une des principales exigences de l'opposition, qui a exclu de négocier en l'absence d'amélioration sur ce point.

Le siège de Madaya, où plusieurs dizaines de personnes sont mortes de faim, a déjà valu de très vives condamnations au gouvernement syrien.

Mouadamiya, qui est aux mains de l'opposition depuis la mi-2012, a été encerclée par les forces gouvernementales en 2013, mais Damas a autorisé l'acheminement d'aide humanitaire à la mi-2014 dans le cadre d'un accord local.

L'armée a toutefois fermé la seule voie d'accès le 26 décembre après le départ de 50 à 100 fonctionnaires. Les autres civils n'ont pas été avertis de la fermeture, souligne l'Onu.

"En raison des nouvelles fermetures imposées en décembre 2015, l'Onu a reclassé (Mouadamiya) parmi les villes assiégées le 27 janvier 2016", dit l'organisation dans un communiqué, soulignant que la ville fait l'objet de bombardements sporadiques.

Huit décès dus au manque de soin y ont été signalés depuis le 1er janvier, mais personne n'y est mort de faim, ajoute-t-elle.

Il n'y a plus d'électricité depuis novembre 2012 et l'eau, non traitée, provient le plus souvent de puits. La dernière livraison de nourriture remonte au 24 décembre. Depuis, l'Onu a demandé à deux reprises l'autorisation de faire passer des convois.

Damas a donné son feu vert à condition que les camions restent en bordure de la ville et les discussions se poursuivent.

Sur les 4,6 millions de Syriens auxquels les organisations humanitaires ont du mal en venir en aide, 486.700 sont assiégés dans des zones tenues par l'armée, par l'Etat islamique et par les rebelles, selon l'Onu.

(Tom Miles, Jean-Philippe Lefief pour le service français)