(Actualisé §12-14 avec hypothèse d'une rencontre Erdogan-Poutine)

ISTANBUL, 25 décembre (Reuters) - La Turquie et les Etats-Unis ont convenu de finaliser leur accord concernant la ville syrienne de Manbij d'ici la fin du retrait des forces américaines de Syrie, a déclaré mardi le ministre turc des Affaires étrangères Mevlut Cavusoglu, cité par l'agence de presse Anatolie.

En vertu de leur accord sur Manbij, Ankara et Washington doivent assurer conjointement la sécurité de cette ville du nord de la Syrie, et les milices kurdes YPG (Unités de protection du peuple) doivent s'en retirer.

La Turquie s'oppose à la présence de combattants des YPG en Syrie près de sa frontière, car elle considère cette organisation comme un groupe terroriste qui, à ses yeux, est le prolongement syrien du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), en lutte dans le sud-est du territoire turc.

Donald Trump a annoncé mercredi dernier le retrait des quelque 2.000 soldats américains déployés en Syrie, pour l'essentiel en soutien des Forces démocratiques syriennes (FDS), alliance de combattants arabo-kurdes dominée par les YPG qui opèrent contre le groupe Etat islamique en Syrie.

Ce retrait pourrait débuter dans les semaines à venir.

La décision surprise du président américain a semé la consternation dans certaines capitales alliées des Etats-Unis et conduit à la démission du secrétaire américain à la Défense, James Mattis.

CONTACTS ENTRE MOSCOU ET ANKARA

Les Kurdes syriens redoutent d'être les victimes collatérales de ce retrait, pris dans un étau entre l'armée turque et les forces gouvernementales syriennes et leurs alliés.

Dans une interview au journal Hurriyet, Mevlut Cavasoglu a redit que la Turquie était déterminée à mener une opération "aussi vite que possible" contre les Kurdes syriens à l'est de l'Euphrate.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan et Donald Trump ont convenu dimanche de coordonner leurs actions pour éviter une vacance du pouvoir, a indiqué la présidence turque. Erdogan a invité son homologue américain pour une visite officielle en Turquie en 2019, a déclaré la Maison blanche.

Donald Trump a assuré dimanche soir qu'Erdogan s'était engagé auprès de lui à "éradiquer" ce qui reste de l'EI en Syrie.

Mevlut Cavasoglu se rendra ces prochains jours en Russie pour discuter des conséquences du retrait américain, rapporte CNN Turk.

Recep Tayyip Erdogan a confié mardi à la presse qu'il escomptait rencontrer Vladimir Poutine afin de discuter du retrait américain. Il n'a donné aucune date.

Le Kremlin a de son côté fait savoir que Poutine n'avait pas cette rencontre à son agenda dans l'immédiat.

Lundi, le porte-parole d'Erdogan a déclaré que la Turquie prévoyait de renforcer sa coordination avec Moscou en Syrie dans la foulée de la décision de Donald Trump.

Le ministre turc des Affaires étrangères a par ailleurs déclaré à Hurriyet que Mehmet Hakan Atilla, un cadre de la banque publique turque Halkbank condamné en mai dernier aux Etats-Unis à 32 mois de prison pour avoir aidé l'Iran à contourner des sanctions, allait peut-être prochainement regagner la Turquie. (Ali Kucukgocmen et Sarah Dadouch Jean-Stéphane Brosse pour le service français)