(Actualisé avec CICR)

MADAYA, Syrie, 11 janvier (Reuters) - Des camions apportant une aide humanitaire sont entrés lundi dans trois zones syriennes assiégées, dont la ville de Madaya, près de la frontière libanaise, dans le cadre d'un accord entre belligérants pour acheminer des vivres et des fournitures médicales dans plusieurs zones encerclées.

Des convois transportant des vivres, des fournitures médicales, des couvertures et d'autres biens de première nécessité ont pu accéder à Madaya, à Al Foua et Kefraya, indique le comité international de la Croix-Rouge (CICR) dans un communiqué.

"La première impression est déchirante, on voit beaucoup de gens dans les rues, certains nous sourient et nous saluent mais beaucoup sont tout simplement trop faibles", a dit Pawel Krzysiek, porte-parole du CICR, présent à Madaya, avec le Croissant-Rouge et les Nations unies.

Al Foua et Kefraya, sont situées dans la province d'Idlib qui est contrôlée en grande partie par les insurgés.

Au moins dix personnes sont mortes de faim à Madaya au cours des six dernières semaines, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Des militants de l'opposition parlent de dizaines de morts, chiffre que Reuters n'est pas en mesure de confirmer.

Le blocus de Madaya est devenu un enjeu dépassant largement cette ville, depuis que certains chefs de l'opposition syrienne ont dit à l'Onu, la semaine dernière, qu'ils ne prendraient part à des négociations avec le régime que si le siège de cette ville et de plusieurs autres localités est levé.

Les miliciens chiites libanais du Hezbollah alliés aux forces gouvernementales syriennes, ont affirmé la semaine dernière que personne n'était mort de faim dans la ville et ont accusé les insurgés syriens d'empêcher la population civile de s'en aller.

Pour le Hezbollah, le sort de la population de Madaya est exploité par les rebelles dans un but de "propagande".

Selon le Programme alimentaire mondial des Nations unies (Pam), plus de 40.000 personnes sont menacées de famine à Madaya. Les Nations unies avaient annoncé jeudi que le gouvernement syrien avait accepté qu'une aide soit acheminée à cette ville.

La dernière livraison d'aide à Madaya, en octobre, avait eu lieu au même moment que l'acheminement de vivres aux villages d'Al Foua et de Kefraya.

"C'est vraiment bouleversant. Tout à l'heure, une petite fille s'est approchée de moi et sa première question a été : "est-ce que vous avez apporté de la nourriture? J'espère que vous avez apporté de la nourriture à Al Foua, Kefraya et Madaya parce que nous avons vraiment faim", raconte Pawel Krzysiek. (John Davison et Lisa Barrington, avec Julie Carriat à Paris,; Jean-Stéphane Brosse, Guy Kerivel et Nicolas Delame pour le service français)