Quelques jours après une recomposition de l'organigramme de la BCE, avec notamment le remplacement de l'Allemand Jürgen Stark par le Belge Peter Praet au poste clef d'économiste en chef, le conseil des gouverneurs a maintenu son taux de refinancement à 1%.

Lors de la traditionnelle conférence de presse qui suit la décision sur les taux, Mario Draghi, président de la BCE, s'est félicité des effets de la première opération de refinancement à trois ans de l'institution, estimant notamment qu'elle avait permis d'éviter une "congestion majeure pour notre système bancaire".

"Le recours considérable à la première opération de refinancement sur trois ans montre que nos mesures non-conventionnelles apportent une contribution significative à l'amélioration de la situation du financement des banques, et soutiendront donc les conditions du financement et la confiance", a-t-il souligné.

La BCE a conduit en décembre une opération de refinancement à trois, au cours de laquelle elle a alloué aux banques un montant sans précédent de 489 milliards d'euros. Une nouvelle opération de refinancement à trois ans est prévue en février.

Le président français Nicolas Sarkozy a appelé les banques de la zone euro à utiliser les liquidités ainsi obtenues pour acheter des obligations souveraines de pays en difficulté et la forte demande constatée lors des adjudications de l'Italie et de l'Espagne jeudi semble montrer que certaines d'entre elles l'ont fait. Des analystes ont souligné que l'abondance de liquidités contribue à soutenir la demande.

"Plus le temps passe depuis l'opération de refinancement à trois ans, plus nous voyons des signes qu'elle a été une mesure efficace", a déclaré Draghi. "Cette décision a permis d'éviter une contraction du crédit qui aurait été... beaucoup, beaucoup plus grave", a-t-il ajouté.

Les banques demeurent très réticentes à se prêter entre elles et l'initiative de la BCE a contribué à faciliter leur refinancement même s'il y a pour l'instant peu d'indication que cette injection de liquidités ait eu des effets sur l'économie réelle.

La décision de laisser les taux directeurs inchangés après deux baisses en novembre et décembre - adoptée à l'unanimité - était largement anticipée et les marchés n'y ont guère réagi.

"Cela confirme notre anticipation que la BCE souhaite rester dans une attitude attentiste pour le moment et assimiler ce que les dernières données disponibles disent sur l'ampleur et la profondeur de la récession au sein de la zone euro", a déclaré Jens Sondergaard, économiste chez Nomura.

Parallèlement à son opération de refinancement à trois ans, une première historique, la BCE a assoupli ses règles de collatéral et a poursuivi ses achats de dettes souveraines italienne et espagnole.

SIGNES DE STABILISATION

Les rendements sur la dette de l'Italie et de l'Espagne ont sensiblement baissé lors des adjudications de ce jeudi. "Il est trop tôt pour savoir si cela est directement lié à l'opération de refinancement à trois ans de la BCE mais le mouvement des taux semble indiquer que la crise de la dette souveraine s'atténue", a dit Jens Sondergaard.

L'économie de la zone continue de faire face à une incertitude élevée, a souligné Mario Draghi en ajoutant qu'il y avait quelques signes de stabilisation.

Le président de la BCE, qui avait déclaré, lors de sa première conférence de presse après sa prise en fonction en novembre, que la zone euro était confrontée à une récession "modérée", n'a pas repris ces termes dans ses propos liminaires jeudi.

"La poursuite des tensions sur les marchés financiers continue d'affecter l'activité dans la zone euro, même si, selon certains indicateurs économiques récents, il y a des signes timides de stabilisation de l'activité à des niveaux assez bas", a-t-il dit.

Mario Draghi s'est par ailleurs félicité de la confirmation par les dirigeants de la zone que la participation du secteur privé au deuxième plan de sauvetage de la Grèce serait "unique et exceptionnel".

Les discussions en cours entre le Premier ministre grec et le dirigeant de l'Institut de la Finance internationale (IFI), représentant les banques privées, sur un plan d'échange obligataire volontaire pour réduire l'endettement du pays sont au stade final mais devront se poursuivre vendredi, a-t-on appris de source du gouvernement grec.

Le BCE s'est constamment opposée à une implication du secteur privé dans le règlement de la crise grecque, estimant qu'elle risquait d'aggraver le risque de contagion.

Marc Joanny, pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten

par Sakari Suoninen