"A moyen terme (un à deux ans), les conditions macroéconomiques plaident pour une inflation sous-jacente, c'est-à-dire hors énergie et aliments frais, limitée : désendettement des ménages et des Etats, partage de la valeur ajoutée au détriment des salariés, sous utilisation des capacités de production.... A l'image de ce que l'on observe depuis la fin de l'année 2010, le niveau d'inflation total dépendra donc principalement de l'évolution des matières premières", relève Natixis.

"L'impact des matières premières sur la croissance économique et sur les marchés financiers dépend de nombreux autres paramètres : réaction des banques centrales, évolution de la liquidité mondiale et surtout, dans le cas de la zone euro, de la réaction de la parité contre le dollar. En effet, lors du dernier épisode inflationniste, l'évolution de l'EUR/USD a en grande partie permis de réduire l'impact récessioniste du pétrole."

"Nos économistes ont estimé, compte tenu des élasticités observées historiquement, l'impact de différents scénarii de Brent et d'EUR/USD sur l'inflation : notre scénario central table sur un Brent à 74 euros en moyenne sur l'année, avec un baril à 100 dollars et un euro à 1,35 dollar. Le premier scénario alternatif suppose un baril à 150 dollars en fin d'année et un euro maintenu à 1,40 dollar. Le second scénario alternatif présente l'effet d'un baril à 150 dollars fin 2011 et un euro à 1,20 dollar."

"Au-delà du risque géopolitique actuel, le contexte qui nous paraît le plus propice aujourd'hui à la réalisation d'un tel scénario est la conjonction : (i) d'une croissance mondiale tirée par les pays émergents et donc particulièrement consommatrice en matières premières ; (ii) un rationnement de la production par les pays producteurs ; (iii) une révision à la baisse des anticipations de croissance ; (iv) des politiques monétaires toujours globalement expansionnistes dans les pays développés tandis que les banques centrales émergentes accumulent des devises pour limiter l'appréciation de leurs devises. Il apparaît alors naturel de considérer en premier lieu l'investissement en matières premières comme l'actif central d'un portefeuille reflétant ce scénario."

"Cependant, le risque associé à une telle position, plus particulièrement en ce qui concerne l'énergie et les métaux industriels, en limite naturellement la part au sein d'un portefeuille ayant une cible de risque moyenne. Historiquement moins volatil, l'or est souvent cité pour une protection contre l'inflation. Cependant, il s'agit plutôt d'anticipation d'inflation que d'inflation réalisée, comme le montre la relation entre le ratio or/pétrole et la pente des breakeven (points mort d'inflation)."

"Parmi les actifs traditionnellement mis en avant pour accompagner un rebond de l'inflation, on retrouve les obligations indexées qui, par construction, procurent une performance sensible à l'évolution des prix. Cependant, la forte corrélation des indexées au marché nominal a remis en question leur avantage comparatif en période inflationniste (2006-2008), notamment de par l'influence de la liquidité mondiale sur les obligations nominales (conundrum). Dans notre cas, le caractère expansionniste des politiques monétaires diminue leur attractivité vis à vis des obligations nominales, surtout si la croissance est revue à la baisse."

"Sur la dette corporate, l'un des secteurs les plus affectés est sûrement les banques. La remontée des taux d'intérêts à long terme affectent cependant l'ensemble des secteurs en total return. Concernant les marchés actions, une poussée inflationniste, théoriquement neutre pour les actions, a historiquement eu une influence négative sur la performance globale de la classe d'actifs (anticipation d'un impact dépressif sur l'activité réelle)."

"Empiriquement, on observe que cette relation est loin d'être linéaire et que le comportement des entreprises face à une hausse de l'inflation n'est pas homogène. Ce dernier dépend à la fois du degré et du type d'inflation considéré (choc pétrolier, surchauffe de l'économie) mais également du modèle de l'entreprise (structure de profits et de coûts), des caractéristiques propres au secteur (situation de concurrence : monopole, oligopole...)."

"Au niveau sectoriel, une étude sur le cas US montre que : les secteurs qui surperforment le marché en période inflationniste sont le pétrole et gaz, les utilities et les matières premières, et dans une moindre mesure les technos et la chimie. Les secteurs qui sous-performent le marché en période inflationniste sont les telecoms, la distribution et les banques. Dans une moindre mesure, les assurances et l'auto. L'immobilier à travers un investissement en REITS peut constituer une manière de se couvrir contre l'inflation. Cependant, ce secteur reste très cyclique et pourrait être très impacté en cas de ralentissement des économies développées."

"Enfin, les bourses émergentes ont historiquement bénéficié de la hausse des matières premières, notamment sur la période 2006-2010. Ceci s'explique par le fait que les prix des matières premières étaient alors soutenus par le dynamisme de l'activité mondiale et de cette zone en particulier. Dans un scénario de stagflation des pays développés, les pays les plus attractifs restent les pays producteurs de matières premières (Russie, Brésil, Mexique et Afrique du Sud), qui bénéficient d'un effet richesse supplémentaire. Dans le cas où la hausse des matières premières est motivée par la croissance des pays émergents, notamment de la Chine, reste vigoureuse, alors le Groupe 1 (Hong Kong, Taiwan, Singapour et Corée du Sud) est également bien placé."