* Le président américain réticent à revenir sur l'année écoulée

* Espère que 2014 sera une "année d'action"

par Steve Holland

WASHINGTON, 21 décembre (Reuters) - Barack Obama va chercher "sommeil et soleil" pendant deux semaines à Hawaï au terme d'une année compliquée marquée par le lancement laborieux de sa réforme de santé et des bras de fer incessants avec les républicains au Congrès.

Le président américain a lui-même reconnu vendredi qu'il avait subi quelques déconvenues au cours de l'année 2013 mais il a refusé de s'y attarder ou de se lamenter sur son sort.

Prié de dire lors de sa conférence de presse de fin d'année si 2013 avait été "la pire année" de sa présidence, Barack Obama a répondu qu'il y avait eu "des hauts et des bas". "Je crois que cette pièce a certainement connu au moins une quinzaine d'expériences aux frontières de la mort" durant ses cinq années de présidence, a-t-il toutefois nuancé.

Ce refus de s'engager dans une forme d'introspection politique contraste fortement avec la tonalité de sa précédente conférence de presse, le 14 novembre, au cours de laquelle il avait multiplié les excuses pour les ratés de sa réforme de la santé, emblématique de sa présidence au point d'en porter son nom.

"Etant donné que j'en suis le responsable, il est évident que nous l'avons foiré", a-t-il tout de même concédé vendredi au sujet du lancement de l'Obamacare, marqué par de graves dysfonctionnements du site internet censé accueillir les inscriptions à ce système de "soins abordables".

Malgré les contretemps, Barack Obama a affirmé que la structure de cette nouvelle assurance santé pour les plus démunis était désormais bien en place pour son entrée en service le 1er janvier.

"Malgré tous les problèmes, malgré les problèmes du site internet, malgré les problèmes de communication, malgré tout cela, cela fonctionne", a-t-il dit.

Avec une économie présentant des signes de rétablissement durable, un chômage en baisse et une réforme de la santé a priori sur les rails, la Maison blanche espère que les turbulences sont passées et que 2014 sera bien meilleure que 2013.

Barack Obama a promis vendredi que 2014 serait une "année d'action", même s'il n'a pas dévoilé de programme précis. Ses priorités consisteront à obtenir du Congrès un allongement de la durée d'indemnisation des chômeurs et un relèvement du salaire minimum, a-t-il dit.

"SANG FRAIS"

Il devrait profiter de son discours sur l'état de l'Union en janvier pour tracer les grandes lignes de son action et, surtout, fournir à son camp démocrate un récit sur lequel s'appuyer pour tenter de reconquérir la Chambre des représentants et conserver le Sénat lors des élections de mi-mandat à l'automne.

"Ils doivent baisser la tête, ne pas se laisser distraire par les sondages et définir leur programme et le mettre en oeuvre", conseille Steve Elmendorf, stratège démocrate proche de la Maison blanche. "Je ne crois pas que ce soit si compliqué que ça finalement."

Barack Obama a annoncé qu'il continuerait probablement à remodeler son équipe en début d'année. "Les gens s'épuisent. Parfois, il faut du sang frais", a-t-il dit.

John Podesta, ancien secrétaire général de la Maison blanche sous Bill Clinton et patron de l'équipe de transition nommée par Barack Obama entre son élection en novembre 2008 et son entrée en fonction en janvier 2009, a d'ores et déjà effectué un retour remarqué.

Les dirigeants démocrates espèrent qu'il épaulera l'actuel secrétaire général, Denis McDonough, pour ramener de l'ordre à la Maison blanche et jouer le rôle du méchant policier aux côtés de McDonough le gentil.

Barack Obama espère aussi éviter un nouveau psychodrame avec les républicains sur le relèvement du plafond de la dette alors que l'Etat fédéral ne devrait plus être en mesure d'emprunter si le Congrès ne lui donne pas davantage de marge de manoeuvre d'ici le mois de mars.

Il veut voir un bon présage dans l'accord budgétaire conclu mercredi au Congrès pour éviter une nouvelle fermeture partielle des services fédéraux ("shutdown"), comme en octobre.

"Il est peut-être prématuré de parler d'un début de collaboration bipartite", a-t-il dit, "mais il est également juste de dire que nous ne sommes pas condamnés à un blocage sans fin.

"Espérons que, avec le shutdown, les gens ont compris la leçon en ce qui concerne les stratégies jusqu'au-boutistes."

Pour un BILAN de l'année écoulée pour Barack Obama, voir (Avec Roberta Rampton et Mark Felsenthal; Bertrand Boucey pour le service français)