CITE DU VATICAN, 8 mars (Reuters) - Depuis des siècles, l'Eglise catholique pouvait compter sur les murs de la chapelle Sixtine pour assurer la confidentialité des débats sur le choix d'un nouveau pape.

Processus secret, voire mystérieux, des "princes de l'Eglise" drapés de la pourpre cardinalice qui s'achevait par un filet de fumée blanche et la formule rituelle: "Habemus papam".

Au XXIe siècle, avec l'explosion des progrès technologiques, à l'ère de Twitter et des SMS, tout a changé. Le scandale du VatiLeaks et les fuites sur les rivalités au sein du Vatican ont poussé les services de sécurité à relever les défis de la modernité.

Le mot "conclave", qui fait référence au lieu "fermé à clé" où débattent les cardinaux électeurs, aujourd'hui ceux âgés de moins de 80 ans, semble bien désuet à une époque où "les murs ont facilement des oreilles".

Des travaux ont lieu à la chapelle Sixtine pour préparer la réunion solennelle qui s'ouvrira le 12 mars pour désigner le successeur de Benoît XVI.

Un faux plancher a été installé afin de cacher les équipements destinés à empêcher les écoutes électroniques.

La Domus Sanctae Marthae (Résidence Sainte-Marthe) du Vatican où résident les cardinaux pendant le conclave, quand ils ne sont pas réunis sous la fresque du "Jugement dernier" de la chapelle Sixtine, sera également passée au peigne fin, afin d'éviter que ne traînent quelques microphones indiscrets.

"SENS DES RESPONSABILITÉS"

Responsable du secret des délibérations, le cardinal camerlingue Tarcisio Bertone, assisté de trois autres "princes de l'Eglise", peut compter sur la compétence de deux techniciens spécialement chargés d'éviter les indiscrétions.

L'utilisation de tout moyen d'enregistrement et de transmission, que ce soit d'images ou de sons, est strictement interdite pendant le conclave. Les cardinaux font le serment solennel sur les Evangiles de ne rien révéler des débats, faute de quoi ils risquent l'excommunication.

Tant que le nouveau pape n'est pas élu, les télévisions, les radios et tous les organes de presse sont interdits de cité, sauf "pour des motifs exceptionnellement graves et urgents".

Jusqu'à l'élection de Jean Paul II le 16 octobre 1978, les cardinaux dormaient entre les sessions du conclave sur des lits de camp dans les couloirs et les salles proches de la chapelle Sixtine, une épreuve de plus pour des prélats souvent âgés. En 1996 a été construite la résidence Sainte-Marthe.

Les cardinaux électeurs seront escortés par les gendarmes du Vatican entre la résidence et la chapelle Sixtine. Ils pourront aussi utiliser les services d'un bus, s'ils le désirent.

Au-delà de toutes les précautions prises, le Saint-Siège fait confiance aux cardinaux pour ne pas violer les règles établies. "Nous comptons sur le sens moral et le sens des responsabilités de chacun", a dit le porte-parole du Vatican, le père Federico Lombardi. (Naomi O'Leary avec Philip Pullella; Guy Kerivel pour le service français)