* Les banques proposent de convertir environ 40% de la dette senior-sce

* D'autres parties aux discussions veulent ramener la dette à E700 mlns-sces

* La Saur veut arriver à un accord d'ici fin mars

* Sa dette s'élève à près de E2 mds

par Matthieu Protard

PARIS, 26 mars (Reuters) - Les banques, qui négocient une restructuration de la dette de la Saur, maintiennent leur offre de conversion de créances en capital de la société et critiquent l'attitude du Fonds stratégique d'investissement (FSI) dans les discussions, lit-on dans un courrier des banques dont Reuters a obtenu une copie.

Plombé par une dette de deux milliards d'euros, remontant à son rachat en 2007, le numéro trois français de la distribution d'eau potable demande depuis l'an dernier à ses banques et ses actionnaires une réduction de son endettement et une injection d'argent frais pour pouvoir poursuivre ses activités.

La presse a rapporté le 18 mars dernier que le FSI, actionnaire à 38% de la Saur, s'opposait aux propositions des banques prévoyant notamment la conversion d'une partie de la dette en fonds propres et la création d'une nouvelle gouvernance. (voir )

"Le FSI ne s'est jamais préoccupé de restructurer la dite dette jusqu'à ce que le risque d'une crise de liquidité se profile à la fin de l'année 2012 et ce malgré les alertes formulées par les banques auprès du FSI et des autres actionnaires pour engager le processus de refinancement dès 2010", écrit le comité de coordination des créanciers senior de la Saur.

"Les interrogations du FSI quant à l'efficacité du schéma de gouvernance sont surprenantes au regard de la défaillance notoire de la gouvernance actuelle", poursuivent les banques. "L'objectif prioritaire du Co-Com (comité de coordination des banques, ndlr) est donc bien d'assurer la pérennité de Saur et de créer les conditions favorables de son retournement (...)"

Outre le FSI, la Saur est également détenue à 33% par Séché Environnement, à 17% par Axa Private Equity et à 12% par le fonds Cube, appartenant à Natixis.

Ni la Saur ni le FSI ni le comité des créanciers senior n'ont souhaité s'exprimer sur le dossier.

"L'entreprise a été achetée beaucoup trop cher (en 2007, ndlr), avec un niveau de dette beaucoup trop important qui pèse aujourd'hui sur la société", réagit une source proche des négociations. "Les banques, qui ont financé cette acquisition, ont une co-responsabilité avec les actionnaires."

BRAS DE FER ENTRE BANQUES ET ACTIONNAIRES

Selon une autre source proche des discussions, les créanciers de la Saur, au premier rang desquels figurent BNP Paribas, BPCE et Royal Bank of Scotland, proposent de convertir une partie de la dette senior - 1,85 milliard d'euros - en fonds propres et quasi-fonds propres, pour ramener l'endettement de la société à 1,1 milliard d'euros.

Leur proposition permet aussi d'abaisser la charge financière pesant sur cette dette à 31 millions d'euros par an contre 90 millions actuellement, ajoute la source.

"D'après le calcul qui a été fait, il est nécessaire de transformer 20% de la dette senior en fonds propres et 22% de cette dette senior en quasi-fonds propres", explique la source.

"Cela fait passer la dette qui pèse sur Hime (structure faîtière de Saur, ndlr) de 2,6 milliards à 1,1 milliard."

La proposition des banques contraste avec la position de certains actionnaires qui souhaiteraient que les banques abandonnent la moitié, voire les deux-tiers, de leurs créances pour remettre la Saur sur les rails.

"A ce jour, alors que l'entreprise estime le montant de dette raisonnable à 700 millions d'euros, les banques proposent une solution ramenant la dette à environ un milliard", explique ainsi une autre partie prenante aux discussions. "Les négociations avancent rapidement. Les parties semblent proches d'un accord sur le montant de la recapitalisation."

Prenant acte des difficultés financières que traverse la société, le FSI a d'ailleurs pris début mars sa part des pertes en passant une dépréciation de 277 millions d'euros sur sa participation dans le groupe de services aux collectivités, participation que le fonds a hérité de la Caisse des dépôts lors de sa création en 2008.

Dans le schéma proposé par les banques, le principal de la dette de la Saur ne serait en outre pas exigible avant 2019, la société ne devant d'ici là payer que les intérêts de sa dette.

"Jusqu'en 2019, les banques laissent la Saur fonctionner de manière opérationnelle", fait ainsi savoir la source. "Il n'y aura que les intérêts à payer, la Saur n'aura pas à dégager de l'argent pour rembourser le principal."

UN ACCORD D'ICI FIN MARS

Toujours selon cette source, les créanciers souhaitent aussi maintenir en place l'actuelle équipe dirigeante mais veulent en revanche modifier la gouvernance de la société en dotant la Saur d'un directoire et d'un conseil de surveillance contrôlé par une majorité de membres indépendants.

"Les banques pourront être présentes au conseil de surveillance par l'intermédiaire de représentants mais la majorité sera des membres indépendants", précise la source.

La position défendue par les banques survient alors que la Saur souhaite parvenir à un accord avec ses créanciers et ses actionnaires d'ici fin mars.

Selon des articles de presse, les fonds Cube et le fonds américain Brigade Capital auraient également, chacun de leur côté, soumis des propositions pour la Saur.

"Il est curieux que le FSI semble privilégier des 'propositions' qui se résument à de simples marques d'intérêts face à l'urgence du calendrier", remarquent les banques dans leur courrier en réaction aux offres concurrentes.

D'après Le Monde, Séché Environnement aurait aussi ces dernières semaines approché EDF pour tenter de monter une offre de reprise de la Saur.

Le groupe Séché avait déjà échoué l'an dernier à mettre la main sur la Saur. (Edité par Jean-Michel Bélot)