Analystes et observateurs spéculent depuis un certain temps sur une cotation des actifs britanniques de Santander, qui pourraient être valorisés à 15 milliards de livres (17,1 milliards d'euros), après le succès de l'introduction de ses activités brésiliennes l'année dernière.

Selon les sources, un certain nombre d'investisseurs institutionnels ont été sondés la semaine dernière sur l'introduction en Bourse d'Abbey, Alliance & Leicester et la branche épargne de Bradford & Bingley.

Le président de la première banque européenne Emilio Botin a déclaré qu'il visait une croissance essentiellement organique en Grande-Bretagne mais qu'il était est prêt à saisir les opportunités qui pourraient surgir.

Selon l'une des sources, il pourrait s'agir du rachat d'un réseau de 300 agences de la Royal Bank of Scotland. Les activités britanniques de Santander représentent quelque 16% des bénéfices de la banque espagnole.

EXPOSITION AUX RISQUES SUR LA DETTE SOUVERAINE

Un porte-parole de Santander s'est refusé à tout commentaire.

Vers 14h40 GMT, le titre Santander avançait de 0,34% à 9,269 euros alors que l'indice regroupant les valeurs bancaires européennes abandonnait 1%.

Comme elle l'a fait au Brésil l'année dernière, la banque espagnole devrait sans doute conserver une participation majoritaire dans sa branche britannique.

Ce qui est moins sûr en revanche, c'est la question de savoir si Santander va mettre ce projet en oeuvre alors qu'elle n'a que peu de visibilité sur les perspectives macroéconomiques et sur celles de la régulation.

"Je pense qu'on en parle maintenant parce que Santander a besoin de réunir des provisions pour pertes sur crédit" commente Joseph Dickerson d'Execution.

Andrew Lim, analyste de Matrix Group, juge qu'une cotation en Grande-Bretagne permettrait à Santander de préserver les résultats du groupe alors que celui-ci risque de devoir faire face à de nouvelles pertes et à des coûts de financement plus élevés.

Ces craintes se sont accentuées avec le déclenchement de la crise de la dette souveraine de certains pays de la zone euro. Le coût de l'assurance contre un défaut de Santander s'est creusé de deux points de base depuis vendredi, et a été multiplié par deux à 137 points de base depuis la mi-janvier.

"Il s'agirait d'une manoeuvre défensive de la part de Santander afin de lever des fonds destinés à contrebalancer la hausse des pertes sur crédit qui s'annonce sur le front espagnol et la hausse potentielle de leurs coûts de refinancement. Le risque pesant sur la dette souveraine est un problème de taille pour eux."

Lorraine Turner et Caroline Copley, version française Benoit Van Overstraeten et Nicolas Delame, édité par Marc Angrand