* Plusieurs syndicats accusent Renault de chantage

* Le ministre du Travail appelle toutes les parties à une négociation loyale

* Appels au débrayage ce mercredi sur la plupart des sites Renault

* Meeting commun entre des salariés de Renault Flins et de PSA Aulnay (Actualisé avec précisions à Douai et Maubeuge, déclaration de Ghosn)

par Gilles Guillaume

PARIS, 23 janvier (Reuters) - Renault devra prendre des mesures s'il ne parvient pas à signer un accord de compétitivité avec les syndicats pour pérenniser ses usines françaises, a prévenu mercredi le directeur des opérations du groupe en France, sans évoquer les options à l'étude.

A l'issue d'une nouvelle séance de négociations mardi, plusieurs organisations syndicales ont déclaré que le directeur des ressources humaines (DRH) France du groupe avait évoqué la menace de la fermeture de deux sites s'il n'y avait pas d'accord, ce que Renault a démenti.

"S'il n'y a pas d'accord, il est impossible de rester sans rien faire, tout est ouvert, nous serons amenés à étudier toutes les hypothèses possibles, mais pour l'instant il n'y a pas de plan B", a déclaré Gérard Leclercq, directeur des opérations France de Renault, sur la radio BFM Business.

Plusieurs syndicats ont appelé à des arrêts de travail sur la plupart des sites Renault pour faire le point avec les salariés sur les discussions en cours.

A Douai (Nord), où la production de Scenic est particulièrement affectée par la chute du marché européen, les syndicats Sud et CGT ont appelé à des débrayages mercredi matin.

"L'inquiétude est grande", a déclaré Pascal Pottiez, secrétaire de Sud sur le site, ajoutant que des actions seront annoncées dans les prochains jours.

A Maubeuge (Nord), site de production du Kangoo, une réunion était prévue dans l'après-midi entre les syndicats et la direction.

Des salariés du site d'Aulnay (Seine-Saint-Denis), qui appartient à PSA Peugeot Citroën, sont allés rejoindre leurs collègues de Renault à l'usine de Flins (Yvelines), qui produit la nouvelle Clio et la Zoé électrique.

Après avoir forcé la grille d'entrée, la délégation de PSA a fraternisé avec les ouvriers présents. "Renault et Peugeot, nous sommes tous frères pour nous battre collectivement contre le patronat qui est le vrai casseur des usines en France", a déclaré Jean-Pierre Mercier, délégué CGT de PSA Aulnay.

L'usine d'Aulnay à vocation à être fermée en 2014 et la situation y est très tendue. Le site ne produit plus de voitures depuis une semaine sous l'effet conjugué d'une grève, de la neige tombée ce week-end et de ce que PSA qualifie de dégradations volontaires des équipements. La direction doit dire mercredi soir si la production peut ou non reprendre jeudi.

"Qu'il y ait des inquiétudes qui se manifestent, tout cela est parfaitement légitime", a poursuivi Gérard Leclercq sur BFM. "Mais ce qu'il faut regarder, ce sont les engagements que l'on prend et ce que l'on souhaite obtenir dans le cadre d'un accord pour justement ne fermer aucun site en France."

SAPIN NE VEUT AUCUN CHANTAGE

En échange d'un accord, Renault a promis de maintenir en activité toutes ses usines en France pendant la durée de l'accord et de renforcer leur niveau de production avec 80.000 véhicules supplémentaires qui seraient construits à l'horizon 2016 pour le compte des partenaires du groupe, notamment Nissan et Daimler.

Sur France 2, le PDG de Renault, Carlos Ghosn, a déclaré que l'objectif du groupe n'était pas de fermer des sites mais d'améliorer leur compétitivité.

"Nous ne sommes pas en train de dire aujourd'hui nous voulons fermer des sites (...). Nous voulons un accord de compétitivité. Cet accord de compétitivité, entre autres choses qu'il amène, évite de penser même à des fermetures de sites, donc ce n'est pas du chantage", a-t-il dit.

Le ministre du Travail Michel Sapin a appelé la direction et les syndicats du groupe à faire preuve de loyauté dans leurs échanges.

"Je ne suis pas dans la négociation, moi je fixe des bornes", a-t-il dit sur RTL. "Je dis que cette négociation doit être loyale, qu'elle doit être responsable, et que tous les moyens ne sont pas bons dans une négociation."

"Il ne doit pas y avoir de chantage, ni d'un côté ni de l'autre, il doit y avoir une négociation ferme mais loyale sur les solutions (...) et je suis persuadé que ces négociations vont aboutir à un accord", a ajouté Michel Sapin.

Renault espère parvenir à un accord fin janvier ou début février. Pour améliorer sa compétitivité en France, il a proposé d'élargir le système de mobilité intersites, d'allonger le temps de travail, de supprimer 8.200 emplois via des départs naturels et de geler les salaires en 2013. Les négociations reprennent mardi prochain, tout comme celles sur le plan social lancé l'été dernier par PSA Peugeot Citroën.

En Bourse, l'action Renault a cédé mercredi 1,73% à 42,50 euros, sous-performant l'indice sectoriel européen de l'automobile (+0,2%).

* LE POINT sur le secteur de l'automobile en France (Avec Pierre Savary à Lille, édité par Jean-Michel Bélot)

Valeurs citées dans l'article : Daimler AG, Nissan Motor Co., Ltd., RENAULT, PEUGEOT