* La note de S&P ramenée de BBB+ à BBB

* Le Premier ministre constate que l'Italie reste sous surveillance

* Le Trésor veut emprunter jusqu'à E16 milliards mercredi et jeudi (actualisé avec Letta, contexte, précisions)

par Luciana Lopez et Paolo Biondi

NEW YORK/ROME, 9 juillet (Reuters) - Standard & Poor's a abaissé mardi la note souveraine de l'Italie de BBB+ à BBB et maintenu une perspective négative, soulignant la dégradation des perspectives d'une économie engluée dans sa pire récession depuis la Seconde Guerre mondiale.

L'annonce, qui a fait baisser l'euro, intervient à la veille d'une adjudication de bons du Trésor italien d'un montant prévu de 9,5 milliards d'euros et à l'avant-veille de celles d'obligations à moyen et long termes pour jusqu'à 6,5 milliards supplémentaires.

S&P explique dans un communiqué avoir revu à la baisse sa prévision de produit intérieur brut (PIB) pour 2013, disant s'attendre désormais à une contraction de 1,9%, contre 1,4% prévu en mars. Un chiffre proche de celui avancé par le Fonds monétaire international (FMI) la semaine dernière (voir: ).

"Nous prévoyons que le PIB par habitant sera de 25.000 euros, soit 33.000 dollars, en 2013, ce qui est inférieur au niveau de 2007", souligne Standard & Poor's.

Elle rappelle que la dette publique italienne devrait atteindre 129% du PIB à la fin de l'année, soit l'un des niveaux les plus élevés de l'ensemble des Etats souverains qu'elle note.

La récession en cours complique évidemment la réalisation des objectifs de réduction des déficits italiens fixés par la Commission européenne, d'autant que l'aile droite de la coalition gouvernementale réclame un allégement de la pression fiscale.

"Politiquement, cela tombe mal dans un moment de tensions élevées au sein de la coalition à propos de la politique fiscale", souligne Erik Jones, professeur d'études européennes à la John Hopkins School of Advanced International Studies de Bologne.

DÉFICIT ET RIGIDITÉS

"Les agences de notation, qui sont généralement à la traîne, ont réalisé un peu tard que l'Italie n'atteindrait pas son objectif de déficit."

Pour le président du Conseil, Enrico Letta, la décision de S&P prouve que l'Italie est encore loin d'avoir surmonté la crise.

"C'est la preuve que la situation reste complexe et que l'Italie continue de faire l'objet d'une surveillance particulière", a-t-il dit dans une émission de l'une des chaînes de la RAI, le groupe audiovisuel public.

Sur les marchés, grâce au soutien de la Banque centrale européenne (BCE), les coûts de financement de l'Italie, troisième économie de la zone euro, ont nettement reflué ces derniers mois mais restent supérieurs à leur niveau d'avant la crise.

Le rendement à 10 ans italien évolue ainsi actuellement autour de 4,4% alors qu'il dépassait 6,6% en juillet de l'an dernier et 7,3% à l'automne 2011.

Les gouvernements qui se sont succédé ces dernières années ont adopté de multiples mesures de hausse des prélèvements obligatoires et de réduction des dépenses, ce qui a contribué à sortir Rome de la procédure de déficit excessif engagée par la Commission européenne.

Mais pour S&P, la faiblesse de la croissance italienne provient pour une large part des "rigidités" des marchés du travail et des biens dans la péninsule.

La perspective de la note est négative, poursuit l'agence, expliquant que cela implique une probabilité d'au moins un tiers d'une nouvelle baisse cette année ou l'an prochain.

Fitch Ratings note l'Italie BBB+ avec une perspective négative, Moody's Baa2 avec une perspective négative. (avec Stephen Jewkes, Marc Angrand pour le service français)