Les grandes économies développées vont se retrouver confrontées à une augmentation considérable de leur dette et risquent une dégradation de leur note souveraine si les gouvernements n'agissent pas rapidement pour limiter l'effet de la hausse des dépenses de santé sur leurs budgets, a averti mardi l'agence de notation financière Standard & Poor's.

Les autorités et les investisseurs savent depuis longtemps que le vieillissement de la population menace les finances publiques de nombreux pays développés, où le coût des retraites et les dépenses de santé augmentent tandis que la population active diminue.

Si un certain nombre de gouvernements a pris des mesures pour contenir l'impact de la hausse du coût des retraites sur ses budgets, peu ont tenté de réformer leur système de sécurité sociale pour atteindre cet objectif.

S&P a indiqué que si aucun changement de politique n'avait lieu, elle commencerait à dégrader les notes des pays développés à partir de 2015, une initiative qui concernerait "un certain nombre de notes souveraines très élevées".

Selon l'agence, si les retraites vont rester le poste de dépense le plus important des budgets des pays développés du G20, les dépenses de santé devraient afficher l'augmentation la plus rapide.

Selon les estimations de S&P, les dépenses de couverture santé représenteront ainsi 11,1% du produit intérieur brut (PIB) d'une économie développée "typique" en 2050, contre 6,3% du PIB en 2010.

"Les dépenses de santé représentent la majorité de la hausse totale des dépenses liées au vieillissement dans plus de la moitié des économies avancées du G20", note l'agence.

Ce groupe comprend la France, le Royaume-Uni, les Etats-Unis, le Japon, le Canada et l'Italie, où les coûts de sécurité sociale vont représenter plus de 60% de la hausse totale des dépenses liées au vieillissement de la population au cours des prochaines décennies.

Selon S&P, même si les gouvernements gelaient les dépenses liées au vieillissement, tels que les versements de pensions de retraite et l'apport de soins de longue durée aux personnes âgées, leurs problèmes d'endettement s'aggraveraient à moins qu'ils ne réforment leur système de santé.

Les Etats ne pourront maintenir leur niveau de solvabilité actuel que s'ils contiennent la hausse des dépenses liées au vieillissement et procèdent à de nouvelles coupes budgétaires pour faire face à la hausse des coûts de santé, a expliqué l'agence.

-Paul Hannon, Dow Jones Newswires

(Version française Maylis Jouaret)