BRUXELLES (Reuters) - Les ministres européens de la Justice et de l'Intérieur se réunissent jeudi à Bruxelles pour discuter de mesures pour renforcer la sécurité dans l'Union européenne après les attaques terroristes survenues en France et en Belgique, ainsi que des préoccupations sur l'impact du conflit entre Israël et le Hamas.

Plusieurs pays du bloc communautaire ont déjà appelé à un renforcement des frontières, à davantage d'expulsions d'étrangers et à la conclusion de nouveaux accords avec des pays africains pour qu'ils empêchent réfugiés et migrants d'atteindre l'Europe.

Les discussions se tiennent trois jours après qu'un Tunisien ayant échoué à obtenir l'asile en Belgique a tué par balle deux personnes à Bruxelles lundi soir et moins d'une semaine après qu'un enseignant a été poignardé à mort à Arras (Pas-de-Calais).

"Notre Europe est bousculée", a déclaré Emmanuel Macron dans la foulée de l'attaque à Bruxelles, par la suite revendiquée par le groupe Etat islamique (EI). Le président français avait dénoncé à Arras la "barbarie du terrorisme islamiste".

Ces assassinats sont survenus dans un contexte de fortes préoccupations sécuritaires à travers l'Europe du fait de la guerre entre Israël et le Hamas. Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a estimé qu'il existait un lien entre le conflit au Proche-Orient et l'attaque à Arras.

Un diplomate européen impliqué dans les préparatifs de la réunion a déclaré que "les incidences de la situation au Proche-Orient pour notre sécurité intérieure (...) sont d'actualité, à la fois au regard des développements de la situation au Proche-Orient et pour ce que nous constatons à l'intérieur de l'UE".

Il s'agit de la première occasion pour les ministres de discuter ensemble depuis l'attaque du Hamas qui a fait 1.400 morts en Israël le 7 octobre, tandis que les frappes aériennes menées depuis lors en représailles contre Gaza ont tué plus de 3.400 personnes et blessé plus de 10.000 autres.

PAS DE MESURES ATTENDUES DANS L'IMMÉDIAT

Les ministres ne devraient pas prendre de mesures spécifiques mais évoquer notamment les possibles scénarios qui provoqueraient un exode massif des Palestiniens ou déclencheraient des actes violents dans l'UE.

Dans certaines capitales européennes, des craintes similaires avaient accompagné le retour au pouvoir des taliban en Afghanistan en août 2021. Aucun bond dans les flux migratoires vers l'Europe ne s'était alors produit.

Mais la méfiance reste de mise dans le bloc communautaire, qui avait été pris par surprise en 2015 par l'arrivée de plus d'un million de migrants en Méditerranée - principalement des réfugiés syriens fuyant la guerre.

L'attaque à Bruxelles a mis en lumière des manquements persistants dans les systèmes d'immigration et d'asile européens, dont des lacunes sécuritaires et des expulsions inefficaces. Seul un cinquième, environ, des personnes n'obtenant pas l'asile en Europe sont expulsées du bloc.

Les partisans d'un nouveau Pacte migratoire, qui devrait être finalisé cette année, mettent en avant les bénéfices d'une telle réforme, notamment l'expulsion plus rapide des étrangers ayant un casier judiciaire.

Certains poussent aussi pour de nouveaux accords avec des pays d'Afrique du nord, sur le modèle de celui conclu récemment avec la Tunisie, pour leur proposer des aides en échange de mesures pour empêcher les départ de migrants.

Les détracteurs de la nouvelle politique migratoire de l'UE doutent de l'efficacité de celle-ci et soulignent les risques croissants pour les droits de l'homme.

Depuis le début de l'année, l'UE a enregistré quelque 250.000 arrivées irrégulières, pour la plupart favorisées par des réseaux de "passeurs".

Le bloc a accueilli l'an dernier plusieurs millions de réfugiés après le début de la guerre en Ukraine, mais il entend endiguer l'immigration illégale venue du Moyen-Orient et d'Afrique.

(Reportage Gabriela Baczynska; version française Jean Terzian)

par Gabriela Baczynska